*ペスト 全訳*( V )㉒ | ミスター・ビーンのお気楽ブログ

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Albert Camus

La Peste(1947)


ペスト



V ㉒

Les passionnés, en effet, étaient livrés à leur idée fixe. Une seule chose avait changé pour eux : ce temps que, pendant les mois de leur exil, ils auraient voulu pousser pour qu’il se pressât, qu’ils s’acharnaient à précipiter encore, alors qu’ils se trouvaient déjà en vue de notre ville, ils souhaitèrent le ralentir au contraire et le tenir suspendu, dès que le train commença de freiner avant l’arrêt. Le sentiment, à la fois vague et aigu en eux, de tous ces mois de vie perdus pour leur amour, leur faisait confusément exiger une sorte de compensation par laquelle le temps de la joie aurait coulé deux fois moins vite que celui de l’attente. Et ceux qui les attendaient dans une chambre ou sur le quai, comme Rambert, dont la femme, prévenue depuis des semaines, avait fait ce qu’il fallait pour arriver, étaient dans la même impatience et le même désarroi. Car cet amour ou cette tendresse que les mois de peste avaient réduits à l’abstraction, Rambert attendait, dans un tremblement, de les confronter avec l’être de chair qui en avait été le support.

Il aurait souhaité redevenir celui qui, au début de l’épidémie, voulait courir d’un seul élan hors de la ville et s’élancer à la rencontre de celle qu’il aimait. Mais il savait que cela n’était plus possible. Il avait changé, la peste avait mis en lui une distraction que, de toutes ses forces, il essayait de nier, et qui, cependant, continuait en lui comme une sourde angoisse. Dans un sens, il avait le sentiment que la peste avait fini trop brutalement, il n’avait pas sa présence d’esprit. Le bonheur arrivait à toute allure, l’événement allait plus vite que l’attente. Rambert comprenait que tout lui serait rendu d’un coup et que la joie est une brûlure qui ne se savoure pas.



と言うのも、情念に駆られた人々の心には、都市に残された愛する人への思いしかなかった。ただ一つ変わったものと言えば、それは「時間」に対する思いだった。追放を余儀なくされたこの数か月の間、「時間」がその歩みを速めるようにその背中を押してやりたいと彼らは思っていたであろう。また、既に我が都市の姿が見えてきたときにも、ひたすら「時間」の歩みを進めたいと願っていたのだが、いざ列車が停車に備えてスピードを緩め始めるや、逆に彼らは「時間」がその歩みを緩め、止まったままでいてほしいと願うのだった。彼らの中にある漠とした、それでいて強烈な感情、つまりこの数か月愛する人と過ごすべき時間を失ってしまったという思いに駆られて、彼らはそれとなくその代償のようなものを求めていた。おそらく、喜びを味わう時間が再会を待ち望んでいたいた時間の半分の速さで流れてくれればと思っていたのだ。そして、例えばランベールのように(そして、ランベールの「妻」は、数週間前に開門の知らせを受け、この都市に来るのに必要な準備を全て整えていた)、寝室で、あるいはプラットホームで彼らの到着を待っている人々も同じ焦燥と混乱を味わっていた。何故ならランベールは、数か月に及ぶペストが現実離れしたものにしてしまったその愛情、あるいは情愛の気持ちを、その支えとなっていた生身の彼女と付き合わせるのを、震える思いで待ち受けていたのだ。

おそらく、ランベールはペストの流行が始まった時の自分、つまり、一挙に都市を飛び出し、愛する女の下に駆けつけたいと思っていた昔の姿に戻りたいと願っていたことだろう。しかし彼には、それはもう不可能であることが分かっていた。彼は変わってしまったのだ。ペストが彼の心に昔のように一途になれないものを植え付けてしまったのである。ランベールは力の限りそれを打ち消そうとしたが、それでも、相変わらずそれは鈍い痛みとなって、彼の心の中に残っていた。ある意味、彼にはペストが余りにも唐突に終わってしまったという気持ちがあり、心の平衡を失っていた。幸福が猛スピードで訪れ、事の進展は予想以上に速かった。今まで奪われていたものが全て一挙に返され、喜びはゆっくり味わってなどはいられぬ焼けつくようなものになることがランベールには分かっていたのだ。


la peste V ㉒

(ミスター・ビーン訳)

ペタしてね