*異邦人 全訳*(第2部 第2章 ③) | ミスター・ビーンのお気楽ブログ

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Albert Camus

L’ÉTRANGER(1942)

第二部 第2章③

DEUXIÈME PARTIE

II ③

1時間55分14秒から1時間58分59秒まで



C’est peu après qu’elle m’a écrit. Et c’est à partir de ce moment qu’ont commencé les choses dont je n’ai jamais aimé parler. De toute façon, il ne faut rien exagérer et cela m’a été plus facile qu’à d’autres. Au début de ma détention, pourtant, ce qui a été le plus dur, c’est que j’avais des pensées d’homme libre. Par exemple, l’envie me prenait d’être sur une plage et de descendre vers la mer. À imaginer le bruit des premières vagues sous la plante de mes pieds, l’entrée du corps dans l’eau et la délivrance que j’y trouvais, je sentais tout d’un coup combien les murs de ma prison étaient rapprochés. Mais cela dura quelques mois. Ensuite, je n’avais que des pensées de prisonnier. J’attendais la promenade quotidienne que je faisais dans la cour ou la visite de mon avocat. Je m’arrangeais très bien avec le reste de mon temps. J’ai souvent pensé alors que si l’on m’avait fait vivre dans un tronc d’arbre sec, sans autre occupation que de regarder la fleur du ciel au-dessus de ma tête, je m’y serais peu à peu habitué. J’aurais attendu des passages d’oiseaux ou des rencontres de nuages comme j’attendais ici les curieuses cravates de mon avocat et comme, dans un autre monde, je patientais jusqu’au samedi pour étreindre le corps de Marie. Or, à bien réfléchir, je n’étais pas dans un arbre sec. Il y avait plus malheureux que moi. C’était d’ailleurs une idée de maman, et elle le répétait souvent, qu’on finissait par s’habituer à tout.

Du reste, je n’allais pas si loin d’ordinaire. Les premiers mois ont été durs. Mais justement l’effort que j’ai dû faire aidait à les passer. Par exemple, j’étais tourmenté par le désir d’une femme. C’était naturel, j’étais jeune. Je ne pensais jamais à Marie particulièrement. Mais je pensais tellement à une femme, aux femmes, à toutes celles que j’avais connues, à toutes les circonstances où je les avais aimées, que ma cellule s’emplissait de tous les visages et se peuplait de mes désirs. Dans un sens, cela me déséquilibrait. Mais dans un autre, cela tuait le temps. J’avais fini par gagner la sympathie du gardien-chef qui accompagnait à l’heure des repas le garçon de cuisine. C’est lui qui, d’abord, m’a parlé des femmes. Il m’a dit que c’était la première chose dont se plaignaient les autres. Je lui ai dit que j’étais comme eux et que je trouvais ce traitement injuste. « Mais, a-t-il dit, c’est justement pour ça qu’on vous met en prison. – Comment, pour ça ? – Mais oui, la liberté, c’est ça. On vous prive de la liberté. » Je n’avais jamais pensé à cela. Je l’ai approuvé : « C’est vrai, lui ai-je dit, où serait la punition ? – Oui, vous comprenez les choses, vous. Les autres non. Mais ils finissent par se soulager eux-mêmes. » Le gardien est parti ensuite.

Il y a eu aussi les cigarettes. Quand je suis entré en prison, on m’a pris ma ceinture, mes cordons de souliers, ma cravate et tout ce que je portais dans mes poches, mes cigarettes en particulier. Une fois en cellule, j’ai demandé qu’on me les rende. Mais on m’a dit que c’était défendu. Les premiers jours ont été très durs. C’est peut-être cela qui m’a le plus abattu. Je suçais des morceaux de bois que j’arrachais de la planche de mon lit. Je promenais toute la journée une nausée perpétuelle. Je ne comprenais pas pourquoi on me privait de cela qui ne faisait de mal à personne. Plus tard, j’ai compris que cela faisait partie aussi de la punition. Mais à ce moment-là, je m’étais habitué à ne plus fumer et cette punition n’en était plus une pour moi.


マリーから手紙をもらった直後のことだ。そのときからどうしても語る気になれない色々なことが始まった。いずれにしろ何事も大げさに語ってはいけないし、その点については僕は他の人間より容易(たやす)くできた。とは言っても、拘留された最初の頃一番辛かったのは、自分が自由だった頃の考えが抜けきれなかったことだ。例えば、浜辺に出て海に入りたい気持ちに捉えられる。足の裏を浸す最初の波の音を想像し、身体を水に浸し、水の中での解放感を想像する。すると突然狭苦しい牢獄の壁が迫って来るのを感じるのだ。でも、それが続いたのは数か月だった。その後は囚人らしい思いしか浮かんでこなくなる。中庭での毎日の散歩や弁護士の訪問を心待ちにし、残りの時間とも見事に折り合いをつける。その頃僕はよくこう思った。もし枯れ木の幹の中で暮らす羽目になり、頭上の美しい空を眺める他にすることがなくなっても、少しずつそれに慣れて行くだろうと。この監獄で僕の弁護士の奇妙なネクタイを心待ちにしたり、また娑婆に居た頃、土曜まで辛抱強くマリーの体を抱きしめるのを待っていたように、幹の中で鳥たちの訪問や雲との出会いを心待ちにしているだろう。ところで、よく考えれば、僕は枯れ木の中にいるわけじゃない。僕より不幸な人間もいるのだ。それにこれは母さんの考え方でもある。母さんはよく言っていた。結局人はどんなことにも慣れてしまうと。

それに、僕は普段の自分からそれ程かけ離れることは無かった。初めの数か月は辛かった。でも、正にやらなければならぬ努力のおかげでその数か月をやり過ごすことが出来たのだ。例えば、僕は女が欲しくてたまらなかった。当然の話だ。若いのだから。決してマリーのことだけを思っていたわけではない。そうではなくて、女というもの、過去に知り合ったあらゆる女たち、その女たちを愛したありとあらゆる場面で頭が一杯になり、独房は全ての女たちの顔で満ち溢れ、様々な欲望で溢れかえっていた。ある意味、心が不安定になったが、別の意味ではそれが時間潰しになった。最後には、食事の時間に料理係に付き添う看守長が僕に好意をもってくれた。最初に女の話をしたのはその看守長だ。他の囚人たちは真っ先に女のことで不平を言うと彼は言った。自分も同じだ、こういう扱いは不公平だと思うと僕は答えた。「しかしねえ」と彼は言った。「正に不公平な扱いをするために君を牢屋に入れるのだよ。」「なぜそうなるのです?」「だってそうだろう、自由が問題なのさ。君から自由を奪うのだよ。」僕はそれまで一度もそんなことを考えたことはなかった。僕は看守長の考えに賛意を示し、「その通りですね」と言った。「でなきゃ、罰することにはなりません。」「そうさ、物わかりがいいよ、君は。他の連中はそうはいかない。でも、奴らも結局は自分で慰めることになるのだがね。」そう言って、看守長は出て行った。

タバコの問題もある。入牢すると、ベルト、靴紐、ネクタイ、それにポケットの中身全部を取り上げられた。特にタバコだ。独房に移されると、僕はタバコを返してくれと要求した。しかし、それは禁じられているという返事だ。初めの何日かはひどく辛かった。多分、一番応えたのはそのことだ。僕はベッドの板から引っ剥がした木切れをしゃぶっていた。一日中絶え間のない吐き気に襲われる。だれの害にもならぬものをなぜ奪われるのかわけが分からない。後になって、それもまた罰の一環だということが分かった。でも、その頃はもう喫煙しないことに慣れてしまっていて、僕にとってそれはもう罰ではなくなっていた。


第二部 第2章③

(ミスター・ビーン訳)

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