En fouillant mon ordinateur, j'ai retrouvé ce texte, je l'avais écris suite à une discution qui m'avait blessée.
Les années ont passées et je le trouve très beau et fort, très d'actualité, j'ai eu envie de le coller ici, facile, j'ai peu de lecteurs sur ce blog perdu au Japon.
Il parlait de la différence, de savoir s'accepter mutuellement comme nous sommes, de nous affranchir des codes et de rester libres.
" Lettre ouverte à une personne bien intentionnée et qui m’a piquée, et ma réflexion sur la vie."
Ma réflexion est partie de peu, une discussion anodine toujours mon côté allumé et bordélique et la souffrance qui comme un poignard m’a piqué le cœur. Souvent ce genre de truc nous blesse et nous laisse silencieux, puis un beau jour au contraire le coté positif de l’affaire, fait qu’on prend conscience de ce qu’on est vraiment, on apprend à lâcher prise du fond du cœur et pour cela rien ne vaut que mettre des mots et évacuer les blessures.
Merci à toi, car sans le vouloir tu as débloqué quelque chose en moi.
C’est une réflexion que je me fais, quand on est trop carré qu’on affirme des choses, du genre "je ne te supporterais pas longtemps en cohabitation", on ferme la porte par ce genre d’affirmation on se protège de l’autre et on entretien sa peur, la peur de la différence.
J’ai eu envie de te le dire, quand tu m’as dit : en vacances, je pense que je ne supporterais pas longtemps ton bazar (d’abord il n’a jamais été question de vacances ensemble, tu aurais pu m’épargner ce genre de propos), car que sais-tu de l’autre, de sa façon de s’adapter ?
Être carré, rester sur ses assises, c’est demander à l’autre de faire tout le chemin, j’ai connu, j’ai vécu cela, pour que les autres ne souffrent pas, j’ai contrôlé, résultat je faisais tous les efforts pour m’adapter et j’étais tellement sur le contrôle que ce ne fut pas une partie de bonheur. C’était une erreur, car pour des vacances au contraire on devrait, pouvoir vivre libre ces quelques jours. (Depuis en dehors de ma famille je ne pars plus en vacances avec personne d’autre.)
Maintenant je sais que j’avais tort, il faut se tirer de la tête les affirmations : c’est moi qui suis dans le vrai… j’ai le contrôle… je range… je suis différente…, c’est ce que notre éducation nous a mis dans le crâne, mais ce n’est pas vrai. On doit savoir être plus souple, par exemple : "je suis hyper organisé toi tu ne l’aies pas", alors je fais un pas vers toi et j’assouplis ma façon d’être, toi tu fais un pas vers moi, tu t’organises un petit plus que d’habitude, chacun y met du sien sans que ce soit un état de souffrance et tout va bien.
Les gens qui ont eu une éducation rigide du genre : on range…. On organise… on est bien élevé… on n’est pas bordélique et on est persuadé d’être dans le vrai, car on croit maitriser tout etc… liste non exhaustive sont étouffants.. Mais tu sais que c’est faux ce n’est qu’un leurre, donc les individus comme ça, pensent que les autres, ceux plus bohèmes sont hors-norme, farfelus, limite anormaux, mais ce n’est pas vrai c’est encore un moyen de classifier, de séparer. Il n’y a pas que les religions et les couleurs de peau pour séparer les gens, il y a encore beaucoup plus subtil.
On pourrait tout simplement arrêter d’émettre des jugements, « de dire t’a vu elle est si… elle est ça… elle est allumée…. », et tout simplement, prendre ce qui est bon pour soit dans l’individu et laisser le reste, de toute façon personne ne contrôle rien, et si on arrivait à avoir ce lâcher-prise, cette tolérance je crois qu’il y aurait moins de guerres moins de conflits.
Chacun à notre manière pouvons faire un pas vers l’autre simplement en cessant de ramener tout à soit.
Un exemple j’ai passé ma vie à me sentir à part, enfant j’étais la gosse marginale qui était capable pleurer pour un renard alors que les renards étaient chassés dans mon village, et tout le monde trouvait cela normal que de chasser un renard, après j’étais celle qui voyait des trucs bizarres, celle qui sentait, celle aussi qui fonctionnait de façon à part, car trop sensible, résultat il y a eu la souffrance et l’envie de mourir plus d’une fois. Heureusement adulte j’ai rencontré des gens géniaux différents à leur façon, plus bohèmes plus artistes plus libres, qui eux m’ont appris que je n’étais pas taré. Ouf, la vie devenait trop dure on se sent mal, quand on se sent incompris.
La vie est un long chemin, nous apprenons tous les jours, c’est, je crois, au seuil de la maturité que les choses se clarifient. Pour moi c’est simple je ne veux plus qu’on attende que je me plie à une idée non conforme à mes valeurs et qui me fait souffrir, j’attends de l’autre qu’il mette de l’eau dans son vin comme le dit l’expression et je suis prête aussi à en faire autant, mais c’est un partage de l’effort de vie, pas quelque chose à sens unique et surtout sans jugement de valeur.
J’ai compris que rien n’était définitif, qu’à affirmer trop les choses, on semait la souffrance silencieuse, et qu’en fait, nous vivons tous ensemble et qu’il serait si bon que le cœur de l’homme, de l’être humain, soit plus tolérant envers ceux qui croisent son chemin.
Tout cela m’a travaillé j’avais besoin de mettre des mots pour calmer mon émotion. Ce qui me rassure c’est que je sois encore capable de le faire, je croyais que j’étais éteinte, mais non finalement la vie réserve des surprises.
C’est un peu comme pour les kilos (ben oui je suis ronde) le nombre de fois ou l’on m’a dit, si tu voulais maigrir, tu maigrirais il suffit de faire attention, un petit régime, est-ce bien vrai ? Faire attention quand la vie n’est pas toujours simple, quand on ne se sent pas super épanoui ? Cela veut dire encore contrôler, et les gens qui contrôlent tout ne sont pas drôles du tout. Puis de toute façon rien n’est simple et rien ne ressemble à rien, il y a toujours le petit truc qui fait que l’histoire n’entre pas dans le moule, alors oublions les moules les cadres de toutes sortes et laissons parler nos cœurs.
La souffrance doit être vécue pour être comprise et surtout il y a toutes sortes de souffrances, celle qu’on tait qui nous bouffe peu à peu, en nous disons que je suis bête, j’ai mes deux jambes, de quoi manger, un toit sur la tête alors qu’il y a tant de personnes sur terre qui n’ont rien. Oui c’est vrai, mais cela ne minimise pas cette souffrance qui nous empêche de vivre.
Qui n’a pas entendu un jour ce genre de réflexion, mais arrête de te plaindre, tu n’en as que pour ta petite vie, regarde il y a pire, ce genre de réflexion distille la culpabilité, on se sent en plus, moche, immoral d’oser penser ainsi, et la personne en face qui vous la fait, ne voit pas mal, elle poursuit tout simplement un cheminement mental que des générations de gens se sont foutu dans le crâne.
Il est temps que cela change, on ne peut pas bâtir un monde meilleur sur des bases de ce genre, des bases qui font mal, des bases qui enfoncent et non pas élèvent. Nous n’avons pas appris à tendre la main, où alors à la sortie de l’église pour les gens croyants, devant la boulangerie, d’un regard détourné, une pièce vite donnée, pour passer à autre chose, sans nous sentir mesquin, non, nous n’avons pas appris les plus simples choses de la vie, l’amour, le respect, un regard neutre, bienveillant, la main tendue gratuite, celle qui vous sort de l’ombre, le sourire, le regard, celui qui voit.
Et toutes ces idées, construites sur des règles usées, nous les insufflons à nos enfants, nous leur donnons une éducation, ils seront de braves gens plus tard, la tête bien mise, bien ordonnée ou tout aura sa place, et surtout rien pour l’imprévu, rien pour la liberté.
Ma liberté commence ou fini la tienne, c’est ce qu’on nous dit, c’est un peu con tout ça, la liberté pour toi serait qu’on respecte ta façon de voir la vie de l’organiser, et la mienne mon bordel heureux ou je me perds si souvent, mais qu’importe.
En fait c’est une fausse idée, il n’y a pas de liberté de ce genre, juste de la tolérance, l’envie de vivre en entente, en harmonie, l’envie de prendre ce que l’autre peut donner pour nous enrichir et lui donner ce qu’il lui manque pour s’épanouir. Une histoire de vases communiquant.
En fait c’est ça, partager, communiquer, se verser l’un vers l’autre, donner et ne plus vouloir tout contrôler, comprendre cela c’est avancer vers le bonheur, c’est refuser de souffrir parce que l’autre ne correspond pas à notre idéal, idéal d’éducation, que les œillères de la vie nous collent au visage.
Je sais que c’est difficile, pas besoin d’être chef d’État pour mettre ce genre de truc en pratique, juste ouvrir un peu plus notre cœur, un peu plus d’amour et de générosité, vivre cela à notre petit niveau et si chacun le fait simplement il y aura sur terre, même peu nombreux des gens bien, humains, des gens qui n’enfoncent pas leur prochain, des gens qui ne se nourrissent pas du mal-être de l’autre, qui ne s’en servent pas pour se mettre en valeur.
Car, en effet, utiliser ce qu’on sait d’un individu, pour justement attirer à soit le sourire complice d’une personne proche : du genre toi tu n’es pas comme ça… est pire que tout, c’est une forme de trahison.
Alors donnons la main, aimons-nous tous simplement, arrêtons de dire ceci doit être, ou ceci ne peut être, mais vivons chaque instant, chaque moment à partager, sans complexe. Oh la gourmande t’a vu ce qu’elle avale… Mais non au contraire : elle aime vivre, partager tout moment, y compris un bon plat généreux.
Mes pensées suivent une idée, les mots me viennent ainsi, peut-être que je suis restée trop longtemps silencieuse, et qu’il fallait que ça sorte, l’imperfection, qu’importe, l’âme, l’esprit d’une personne est ce qu’elle a de plus riche, c’est ce qu’on gardera d’elle en souvenir, ces éclats de lumière, ces rires, ses sourires, ses regards, le reste partira dans la tombe et kilos ou pas tout redeviendra poussière.
J’ai cessé de vivre en attendant de retrouver un poids normal, ce poids qui me permettrait de me dire je peux enfin aller vers l’autre, je suis comme eux, alors que c’est débile, être comme quelqu’un cela ne veut rien dire, et j’espère être unique c’est bien mieux. Une unique emmerdeuse avec ses émotions, une unique bordélique, mais pleine de rêves, de tendresse, d’amour à donner, j’espère que sur ma tombe on dira, elle fut généreuse, gentille, un peu naïve, mais elle avait bon cœur, et qu’on gardera ça de moi.
Je me sens soulagée, tous ces mots qui se bousculent me libèrent, je vais peut-être enfin pouvoir vivre ce que je suis sans mettre de délais pour un jour futur ou j’aurais changé.
Cette histoire, ce ressenti vaut pour toi, pour moi, pour tous ceux qui se sentent un peu hors phase avec le monde actuel, tous ceux, qui souffrent silencieusement dans leur corps ou dans leur âme, blessure qu’on trimbale jusqu'à la fin, alors pour tous, refusons d’être jugés, arrêtons de voir ce qui ne va pas chez le voisin, on s’en tape de toute façon et réapprenons à rire, à rire vraiment de toute cette connerie.
Anne Marie le 26 février 2012
Que ça fait du bien de s’exprimer.