CCC 2010: Trient -> Chamonix
Depart -> Bonatti
Bonatti-Champex
Champex-Trient
Trient-Chamonix
Apres Trient, on attaque la montee sur Catogne...
Toutefois, apres une pause aussi longue a boire du coca et de la soupe...
C'est a ce moment la que j'ai remarque que j'avais fais une betise !
Par habitude, j'avais fait un double noeud sur mon colant.
Bien sur, un noeud bien serre (tant qu'a faire).
Du coup, c 'est une pause pipi qui va durer longtemps.
J'enleve mes gants, et a la lueur de la frontale, j'essaye desesperement de defaire ce p*** de double noeud.
Au point qu'un coureur venant de derriere s'est arrete a mon niveau:
"Ca va ?"
"Oui ca va. Y'a un imbecile qui a fait un double noeud..."
"ha ha ha"...
La montee sur Catagne est plutot facile. Cette montee, je l'ai faite dans un groupe de 3-4 coureurs.
Pas vraiment ensemble. Mais a distance raisonable pour rester dans la portee de la frontale. C'est plus facile de grimper dans ce genre de situation que seul...
Elle finit quand cette montee ?
On entend enfin des sons de cloches.
Depuis le depart, a chaque ravito, on s'est habitue a entendre ces sons de cloches...
Avec le coureur devant moi, on plaisante: si ca se trouve ce sont de vrais vaches...
Et quelques centaines de metres plus loin... un troupeau de vaches !
A cette heure tardive (23h30), sous une pluie batante ! C'est pas sense etre diurne les vaches ?
La montee sur Catogne va durer 1h15mn
Un petit coup a boire, et hop, c'est parti pour la descente.
5 minutes plus loin... le noir !
Sous une pluie battante, dans la boue, ma frontale qui rend l'ame.
Oh m.... ! J'ai oublie de changer les piles apres ma derniere sortie au Mont Fuji !
A la ceinture, j'ai une seconde lampe, beaucoup moins puissante, et qui elle aussi a fait le Mont Fuji et est elle aussi bientot en panne de piles. Je me refugie sur le bord du chemin tres boueux, et sous une pluie battante et glaciale, j'enleve mes gants et farfouille mon sac pour trouver la pile de rechange...
Puree, qu'est-ce que c'est dur a devisser ce truc... (surtout dans le noir)
Et une fois remise, qu'est-ce que c'est dur de re-visser...
Enfin, apres m'etre fait depasser par au moins une dizaine de personne, c'est reparti.
Et juste apres...。Encore ! 。
Et en plus
Y'a encore un imbecile qui a fait un double noeud !
Si je pouvais attraper ce cretin qui a fait ca!
Donc de nouveau enlevage de gants, etc...
Cette descente, rien ne va... Evidemment, apres ces deux magnifiques pauses, je me suis un peu refroidi, ce qui aide pas a descendre...
Finallement, la descente aura duree 56mn, pour arriver a Vallorcine en 122eme position.
Mon frere etait bien arrive. Par contre, il m'annonce qu'il a fait encore du stop car les bus ont ete requisitionne... pour aller cherche les coureurs de l'UTMB car la course a ete interrompue.
Hein ? Ils ont arrete l'UTMB ?
Cette nouvelle je m'y attendais pas. Surtout que moi j'etais en train de courir sous les memes conditions.
Je m'attendais a une course qui aille au bout avec beaucoup, beaucoup de casse (et un taux de finisseurs d'environ 20%)....
Mes parents etaient Aux Contamines pour encourager les coureurs (avec ma fille qui attendait le passage de plusieurs connaissances). C'est la que mon frere m'a explique, suite a une conversation avec mes parents: a priori, une coulee de boue au Col de Seignes, et des probleme de balisage a ce niveau.・・・
Bon, de mon cote, tout va bien. Plus qu'une montee, et apres c'est la descente sur Chamonix.
Une soupe, et un cola, et hop je repars apres une pause de 8mn,
Au passage j'echange le lampe de faible puissance que j'avais a la ceinture (et presque sans pile) contre celle plus puissante de mon frere.
Apres Vallorcine, j'ai eu un passage plutot bien. Jusqu'au Col Des Montets, j'ai pas marche. Il faut dire que la montee (D+200m) est plutot facile.
Toutefois... apres le Col Des Montets, il reste la Tete aux Vents, avec D+700m.
Au debut de la montee, j'ai a petite distance derriere moi 3-4 coureurs.
La vitesse est a peu pres pareille...
40mn plus tard...
Brusquement le vilain coup de barre. J'avance plus droit. Impossible de grimper.
Et encore une envie (par contre, cette fois, l'imbecile n'avait pas fait de double noeud)
C'est a ce moment que j'ai compris: dans cette montee, j'etais deja a ma 3eme pause pipi.
Et a chaque fois, pas de petites quantites..
Sur la descente de Praz de Fort, il a fait un peu chaud et j'ai pas mal sue, pour une petite deshydratation legere. Mais apres, toute les heures je m'enfile cola, soupe plus l'eau que je trimbale avec moi.
Et une petite estimation me donne... 8L dans les 10 dernieres heures. Avec des temperatures tres froide, donc sans suer... C'est sur que ca, sa donne du boulot a la vessie. Surtout, ca fait que avec les quantites que mon organisme doit gerer, tout est dilue, et je suis en hypoglycemie...!
Le reste de la montee fut tres difficile.
Apres m'etre diagnostique en hypoglycemie, j'ai sortie mon flacon de miel, et j'en ai bu la moitie.
Surtout, (et la je pense que j'ai ete bien inspire), comme mon rhytme etait devenu celui dans escargot, j'ai sortit ma veste, pour la mettre par-dessus le coupe-vent.
A ce moment je n'avais pas froid, mais je savais que la prevention c'est ce qui il y a de mieux en cas de coup de moins bien.
Je mets les 2 capuches (celle du coupe vent + celle de la veste). Et je repars en marchant lentement...
Bon au debut, c'etait vraiment tres lent, mais apres un moment, j'arrive enfin a retrouver un rhytme proche d'un randonneur normal...
A ce moment, la chemin a change en l'espace de quelques centaines de metres.
Sur la premiere partie, on etait dans une zone boisee, bien protegee.
Et la on quitte la zone de foret, pour tomber sur une zone d'eboulis.
Hyper dur de progresser. Reperer le chemin est en soit difficile. La pluie, rien pour nous proteger.
Pleins de fois je m'arrete pour chercher a la frontale le marquage suivant.
Et une fois qu'il est repere, je cherche comment y aller...
En sortant des eboulis, on se retrouve avec 4 ruisseaux paralleles: un qui doit etre le chemin, et les 3 autres, ben je sais pas trop. Ca finit souvent en impasse... obliger de franchir quelques gros rochers pour rejoindre le chemin parallele.
Puis de nouveau des eboulis. Autant pendant environ 20-30mn je n'avais pratiquement pas vu de coureurs, je me fais depasser par un bon nombre de coureurs dans cette partie.
"Ca va ?"
"Ca va.... Les jambes ne suivent pas, mais je suis bien couvert et ca avance lentement mais surement"
M'enfin c'etait vraiment dur.
Et a l'approche du sommet, le temps c'est fortement empire.
Jusqu'a present, on avait le droit aux trombes d'eau. La on nous rajoute un vent tres violent, qui nous balance des seaux d'eau glacee en pleine figure.
Ah oui, tiens, le nom de cette montagne, c'etait quoi ?
”La Tete aux Vents”
J'ai beau grimper, toujours pas de check point.
Ca fait un moment qu'on est sur la crete, et tjrs rien en vue. On descend meme un peu.
Toujours rien.
J'ai pose la question a tous les coureurs qui m'ont depasse...
- On en est loin du sommet ?
- On devrait y etre...
- Oui, il est ou ce sommet ?
ou encore
- C'est horrible ce truc... Va y'avoir des morts
-・・・
Bon ca ne m'aide pas beaucoup a me reperer tout ca, mais ca fait du bien de discuter, ne serait-ce que 10 secondes avec quelqu'un, Surtout que malgre le vents et les seaux d'eau glacee en pleine figure, j'arrive a avancer... tres lentement,
Enfin un coureur qui connaissait le parcours ma renseigne.
On avait finit avec la montee, on etait deja dans la descente.
-Y'a pas de points de controle ?
et la, le coureur, tres calme:
-Ben a mon avis, les volontaires, ils se sont aussi retrouve en detresse, non ?
-…
10 minutes plus tard, des lampes en vue. quelque chose qui ressemble a un controle !
Puree, cette montee, il m'aura fallu 2h27 depuis Vallorcine...
- Bonsoir ! Dis-donc, c'est une horreur ici. Vous allez avoir de la casse!
- C'est bon la, vous y etes. La partie difficile est finie !
- On est ou la ?
- La Tete Aux Vents. On peut pas monter en haut, alors on s'est refugie dans cette bergerie
- Ben je crois que vous avez bien fait ! Bon courage !
- Merci ! Bon courage et bonne course !
Et effectivement, le chemin apres etait beaucoup plus agreable.
Encore des eboulis certes. Et quelque passage rocheux. Mais moins nombreux.
Et des passage ou l'eau et les cailloux et la boues se melangent rendant le chemin difficile a trouver. Mais rien de comparable.
Je me suis fait depasser par 2 Italiennes. Mais elles avaient un rhytme plutot lent.
Et comme je commencer enfin a recuperer, je les ait suivi un moment, en trottinant.
Ca y est, le coup de barre est passe !
30 minutes apres la bergerie, au loin, les lumieres de La Flegere
Sous la tente, un vrai havre de bonheur !
Je me suis renseigne sur le reste du parcours: rien de bien difficile, on descend sur une piste de ski, puis un chemin forestier.
Sous la tente, il y avait une 10aines de coureurs. Parmis eux, 6 avaient sortis leurs couvertures de survie, et certains avaient l'air d'etre en hypothermie, incapable de s'arreter de trembler.En buvant un the tres sucre, avec les coureurs vaillants et les volontaires, on a echange nos impressions sur cette portion du parcours. Et la on etait tous d'accord, ils allaient avoir des vrais problemes (des gens a evacuer, voir des morts) lorsqu'ils se retrouveront avec les coureurs plus lent et plus fatigue, certains mals equipes dans cette portion ((plus un coureur est lent, plus passe du temps dans les zones dangeureuse, et plus il arrive fatigue dans ces portions).
Puis petit coup de fil a mon frere, pour lui dire que j'avais pris pas mal de retard suite a une hypoglycemie dans la montee, mais que tout allait bien, et j'allais bientot entamer la derniere descente.
Apres une pause d'environ 10min, c'est reparti !
Apres un petit moment, on rentre dans une foret, et la d'un coup la pluie s'arrete.
Enfin, plus exactement, les arbres l'intercepte pour nous, car on l'entend toujours...
Et bien sur, plus du tout de vent.
Le chemin lui meme aussi etait tres facile. Aucun de probleme pour le faire en courant.
1h plus tard, Chamonix etait en vue.
Quelques minutes plus tard, je rentrais dans la ville.
Il pleut toujours, mais ayant descendu 1100m de D+ depuis La Tete aux Vents, il ne fait pas froid.
Et y'a pas de vent. En plus depuis La Flegere, je n'ai fait que courir...
Alors, j'ai enleve ma veste, puis mon coupe vent, pour avoir mon dossard et le T-Shirt de mon club en visible.
Juste apres, je rencontre mon frere.
Je depasse un coureur. La je suis en forme...
On tourne a gauche, a droite, a gauche... Bizarre ce chemin.
Ca y est l'arrivee est en vue. Oh, et mes parents et ma femme aussi !
Genial !
Les derniers metres avec mon frere
Ca y est je l'ai fait !
Avec ma femme
Et un ami Japonais qui etait inscrit a l'UTMB et qui a attendu jusqu'au bout mon arrivee !
Merci ! (Euh, je suis arrive a 3h25 du matin).
En fait, 10mn plus tot, 2 autres amies etaient encore la pour m'attendre, mais comme elles devaient prendre le deuxieme depart le lendemain... Merci beaucoup d'avoir attendu jusqu'a plus de 3h du mat dans ces conditions !
Le ravitaillement apres l'arrivee.
Le chai etait tres bon.
Tout comme le fromage!
Ouah, fatigue, mais content de l'avoir fait.
Je remets ma veste, celle que j'avais mis par-dessus mon coupe vent dans la montee de la Tete-Aux-Vents
Autour de moi, j'ai vu pas mal de coureurs qui etaient plutot mal equipe pour le froid. 1 coureur sur 10 ?
Certains sont arrives sans encombre, mais auraient etaient en difficulte si ils avaient fait comme moi une hypoglycemie dans la montee de La Tete Aux Vents.
A l'arrivee, mon frere m'a appris que 2h30 apres mon passage a Vallorcine, ils ont interrompu la course, sans savoir si ils allaient pouvoir repartir ou si ils allaient devoir etre rappatrier.
Resultats:
1hh25mn31sec
137eme (444 finisseurs. 1800 coureurs environ au depart)
Ravis d'avoir fini cette course qui n'etait pas facile...