悲劇と連帯とタイミング | シャンゼリゼの裏窓から~le chapitre deux~

シャンゼリゼの裏窓から~le chapitre deux~

緋色のゼラニウムが咲くビューローの裏窓から見える世界とは…。フランス好きに教える本当のフランス。5年ぶりの復活です。

 フランス人ってやっぱりすごいと感じます。何千という人がパリのレピュブリック広場に集まり、死者を悼み、理不尽な出来事に怒りのデモを行いました。

 19日朝、トゥールーズのユダヤ人学校近くでバイクに乗った男が銃を乱射。男の先生とその6歳と3歳の息子、10歳になる校長先生の娘が亡くなりました。犯人はまだ捕まっていません。ただ、フランス南西部では先週、バイクに乗った男による銃撃事件が2件発生し、空挺部隊の兵3人が死亡する事件が起きています。今回の事件は、その犯人と同じではないかと推測されています。

 こういった悲劇が起きた場合、この国の人たちは必ず、遺族の身になって連帯の心を表明するのです。もちろん、東日本大震災のときもそうでした。震災1周年のときもそう。国の中とか外とか関係ないんです。人がひどい目に遭っているときには、居ても経ってもいられないのです。

 でも、今回の事件、誤解を招くことを覚悟で言えば、なぜ、このタイミングなのでしょう。大統領選の立候補者10人が確定し、4月22日の第一回投票まで1カ月。劣勢に立たされていた現職のサルコジさんは、いち早くトゥールーズに駆けつけました。「治安」は、内相として警察権力を掌握していた彼にとって、最も支持を得られる分野なのです。しかも、彼の母親はユダヤ系ギリシャ人。支持率回復のために、こんな“絶好の”機会を逃すわけがありません。

 今、フランス全土に広がっている事件の犠牲者に対する純粋な連帯が、政治的なエネルギーにならないことを願っています。フランス国民には、サルコジさんに大統領を続けさせることがフランスにとっていいことかどうかだけを考えて、投票してもらいたいなと思います。

Manifestation à Paris pour rendre hommage aux victimes de Toulouse
Le Monde.fr : 20.03.2012

Sur Facebook, ils étaient 1 100 personnes à avoir répondu présents. Dans la rue, ils étaient encore bien plus nombreux. 3 000, 4 000, peut-être 5 000 personnes se sont réunies, lundi 19 mars aux alentours de 20 heures, place de la République, à Paris, à l'appel de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) pour rendrehommage aux victimes du quadruple meurtre de Toulouse.

Noyés dans la foule, Benjamin Haymann, 22 ans, et Sarah Isal, 17 ans, distribuent des poignées de tracts à qui veut bien les prendre. Elle, porte une petite pancarte siglée UEJF. Tous les deux sont membres de l'association qui a appelé au rassemblement. " Nous avons appelé à se réunir en mémoire des victimes de ce crime raciste, explique le jeune homme qui a appris la nouvelle dans la matinée sur le site Internet de France 24. Nous voulons interpeller au-delà des seules organisations juives car c'est la République et ses valeurs qui sont en danger. " " Ca a été un vrai choc. Que des enfants aient été touchés, ça a marqué les gens même au-delà de la communauté juive ", poursuit la lycéenne.

Il est un peu plus de 20 h 30, le cortège commence à avancer à pas lents en direction de la place de la Bastille. De la marée humaine émergent des drapeaux français, israéliens, d'autres de l'UEJF. Quelques trublions de la ligue de défense juive (LDJ) tentent de prendre la tête du défilé sous l'oeil vigilant de policiers en civil.

Dans la foule compacte, beaucoup de membres de la communauté juive. Beaucoup de militants associatifs aussi. On tombe sur une armoire à glace souriante de deux mètres. Fodé Sylla, 47 ans, ancien président de SOS Racisme, est venu apporté son soutien. " On ne peut pas s'empêcher de faire le lien entre les meurtres de ces derniers jours, explique-t-il en référence aux récents assassinats de militaires. Deux Arabes, un Antillais, aujourd'hui quatre Juifs... J'ai l'impression de revivre l'une des pires périodes de notre histoire récente. Quand on attaquait la synagogue de la rue Copernic et que l'on poussait des Arabes dans la Seine. " Il poursuit : " En cette période électorale, il faut faire très attention ! Il y a une vraie libération de la parole raciste. Cette campagne est la première où l'immigration n'est pas un thème central pour les Français et où pourtant les politiques l'imposent.
"
MAREK HALTER : "UNE ATMOSPHÈRE TRÈS MALSAINE EN FRANCE"

Alors que le cortège marche depuis quelques minutes, on apprend la présence deJean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche à la présidentielle. Certains manifestants lui ont demandé de partir. Ils ne veulent surtout pas que la marche silencieuse soit récupérée. Une femme s'emporte en discutant avec une amie : " On s'en fout de Mélenchon. On ne veut pas de lui. " Puis sur le ton de l'humour : " Ne Mélenchon pas tout. "

Odile Laïq, un bras noué à celui d'une amie, défile en silence. Elle explique que ce n'est pas vraiment dans ses habitudes mais le crime de Toulouse l'a secouée. " Ca faisait 50 ans que l'on n'avait pas tué d'enfants dans la rue en France. "

A proximité, on croise Michèle Chay, la quarantaine, un badge de la CGT en évidence sur sa poitrine. Ils sont quatre à arborer les trois lettres du syndicat. " Nous sommes là pour condamner cet acte raciste et xénophobe. Il ne faut surtout pas que ce drame atroce soit récupéré. "

La marche touche à sa fin. Au loin dans la nuit, pointe le génie de la Bastille quand on découvre, légèrement en retrait de la tête du cortège, la barbe de patriarche deMarek Halter, qui déambule parmi les anonymes. Régulièrement, des gens viennent le saluer et lui adresser quelques mots. " La plupart des personnes présentes ce soir ne sont pas juifs, constate le romancier. Personne ne les a forcées à venir et pourtant elles sont là. C'est très important. Cela montre à la communauté que la France est encore du bon côté de la barrière! " Il n'est pas pour autant rassuré: " A force de nier les communautés, on a déclenché quelque chose de terrible. On a désigné le hallal, puis on a désigné le casher... Il y a aujourd'hui une atmosphère très malsaine en France.
"
Arthur Frayer