Moi | moimarukaのブログ

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Il y a déjà deux ans que je suis devenue Gyaru. C’était la fin de ma première année à l’école des Beaux-arts de Nîmes et je savais déjà dès le début que je voulais continuer ma scolarité à Avignon. Chaque rentrée scolaire depuis la 4ème , je regarde des vidéos sur Youtube de ces filles japonaises populaires et stylées qui montrent ce qu’elles emportent dans leurs sacs, comme le nécessaire maquillage, couture, leur encas… espérant un beau jour me transformer en elles. Bien sûr, ce changement n’allait pas se faire sans efforts ni volonté. Et bien sûr, chaque rentrée scolaire était un échec de transformation. Je ne faisais qu’attendre le bon moment pour me métamorphoser, en quelques sortes. Mon arrivée à l’ESAA était l’élément déclencheur de mon évolution, et je dirai avant tout que c’était un travail sur moi-même. Je ne pense pas être encore arrivée au bout de cette transformation ; car ce n’est pas qu’un style, c’est aussi une mentalité, une culture, et un mode de vie. Le gyaru, c’est la contre-culture de ces jeunes femmes dans les années 90-2000s qui sont allées à l’inverse des standards de beauté stricts japonais: peau bronzée, maquillée, cheveux décolorés, tenues osées et colorées. Plus tard, le style vestimentaire deviendra plus doux, et les gyaru deviennent trendsetters. Jusqu’à ce que cette mode s’évapore pendant presque 5 ans, pour enfin revenir en 2019. Comme on le dit si bien, la mode est un éternel recommencement. Je me trouve donc dans une impasse ; je porte des vêtements à la mode d’il y a 10-15 ans, qui ne sont disponibles donc qu’en seconde-main au Japon/vendus par les filles qui ont participé dans cette culture avant moi. Alors, j’importe. J’importe sans cesse. Mes possessions ont bien + voyagé que moi, que ce soit dans le temps ou dans l’espace. Je collectionne. Sans m’arrêter. Des étiquettes de déclaration de douanes, aux cartons, jusqu’aux emballages de serviettes hygiéniques que je trouve mignons, je garde tout. Je pense toujours avoir été sensible et attachée à ce sentiment de nostalgie presque fictive : un manque d’une époque que je n’ai jamais connue, d’un lieu où je n’ai jamais mis les pieds. L’idée des ruines, des vestiges me hante depuis mon adolescence ; et je crois bien les terrains méconnus, abandonnés me fascinent. Les modes passées sont également des ruines à leur manière. Chaque décennie a son esthétique bien à elle, ses codes vestimentaires, ses tendances éphémères. Les modes passées sont comme des vestiges d'une époque révolue, témoignant des goûts et des valeurs de la société à ce moment donné. Ces objets de seconde-main que j’importe, c’est comme une clé pour une machine à remonter le temps : chaque vêtement que je porte à son propre vécu, leurs usures bien à eux. Ces articles démodés deviennent des reliques précieuses à mes yeux, des preuves de ma propre histoire mais aussi de l’histoire des personnes qui me les ont vendus. Peu avant ma première année à Nîmes, j’ai monté mon propre PC et ai entrepris un hobby que je poursuis toujours à ce jour, les Gunpla (raccourci de Gundam Plastic Model, construction de maquettes de robots fictifs japonais) qui vise un public masculin souvent plus âgé que moi. Ca peut sembler éloigné des stéréotypes traditionnels de genre, surtout exprimant souvent ma féminité par mon apparence. Cependant j’aime être capable de défier les normes et suivre mes propres passions. Je pense aussi que le contraste entre mes intérêts et la culture Gyaru (qui elle-même rejette les normes conventionnelles) m’a appris à être confortable avec mes propres contradictions. Je me considère d’ailleurs comme un « enfant d’Internet » je fais partie de la dernière génération à avoir grandi autant à jouer dehors qu’à l’intérieur, bien que j’étais plutôt casanière… ! Je reconnais l’impact de la culture Internet sur ma vie : C’est comme un univers où je trouve un espace pour m’épanouir et exprimer librement tous mes intérêts. C’est un monde ou la question du genre est souvent remise en question mais aussi ou la diversité des intérêts et de nos perspectives est célébrée. C’est aussi peut-être cette connexion avec le monde entier qui a pu ouvrir mon esprit.