Jean Paulhan  Les Fleurs de Tarbes | mmfjtoのブログ  ~なぜなら ぼくは、どうしようもないくらい汚れ腐ってますから~

Jean Paulhan  Les Fleurs de Tarbes

さて

明快に

克明に

その物は

そのもの

として

対象物を

あけらかにしてみる

 

 

そして

空虚はあるので

あって

操作する物は

一体その者にとって

絵空の価値しかないのに

酔いは

その者を変容してしまう

オーダーだった

MINDの物質に操作されているという結論でいいんだ

 

 

 

南山堂一一一同

 



Les Fleurs de Tarbes



Les Fleurs de Tarbes — Wikipédia (wikipedia.org)

Les Fleurs de Tarbes (sous-titré La Terreur dans les lettres) est un essai écrit par Jean Paulhan et paru en 1936, puis en 1941 aux éditions Gallimard.

Il s’agit de la première partie de l’enquête paulhanienne, achevée en 1967. Il y développe sa thèse d’une terreur ayant cours dans les lettres françaises, opposant les « Terroristes » aux « Rhétoriqueurs ». Enfin, il propose l’ébauche d’une nouvelle rhétorique, amenée à être approfondie dans Le Don des langues.

D’un malentendu dans les lettres françaises
Le point de départ de la démonstration de Paulhan est l’inefficacité de la méthode critique du xixe siècle :

« J’ai dit, et chacun sait, que Sainte-Beuve entend Baudelaire de travers ; mais il n’est pas moins exact (bien qu’il soit moins connu) que mon voisin M. Bazot se trouve embarrassé pour parler à sa bonne et s’embrouille aux explications – un peu mystérieuses – de son jardinier. La maladie des Lettres serait, après tout, peu de chose, si elle ne révélait une maladie chronique de l’expression. »1

Cette maladie chronique de l’expression est caractérisée par la présence d’une forme de malentendu : les critiques, les écrivains et par extension les lecteurs, ne s’accordent pas sur la question fondamentale suivante : « qu’est-ce que le langage, et que nous révèle-t-il sur l’esprit ? » et, de fait, sont incapables de s’entendre. Paulhan en prend pour exemple les critiques qui se contredisent et le climat de « misère » dans lequel se trouverait la littérature au lendemain de la seconde guerre mondiale. Car s’il est question d’originalité et de style pour les critiques, il semble que ces éléments leur soient particulièrement difficiles à définir. L’auteur propose l’étude des thèses de trois critiques célèbres : Rémy de Gourmont, Marcel Schwob et Antoine Albalat à travers leurs ouvrages réciproques consacrés au style littéraire. Il distingue un point commun dans les doctrines de ces trois auteurs : le critère de l’originalité. D’après ce dernier, l’écrivain ne doit rien fuir d’autre que le cliché, le lieu commun : signe de paresse intellectuelle, mais bientôt de soumission de l’esprit à la matière, du signifié au signifiant. L’objet sur lequel se portera la recherche de Paulhan sera dès lors le cliché, le lieu commun, en cela qu’il s’agit d’un groupe de mots qui présente l’apparence du verbalisme pour de nombreux critiques.

Les terroristes et le « pouvoir des mots »
Paulhan propose la définition suivante :

« L’on appelle Terreurs ces passages dans l’histoire des nations (qui succèdent souvent à quelque famine), où il semble soudain qu’il faille à la conduite de l’État, non pas l’astuce et la méthode, ni même la science et la technique – de tout cela l’on a plus que faire – mais bien plutôt une extrême pureté de l’âme, et la fraîcheur de l’innocence commune. »2

Les Terroristes constituent un camp composite et vaste, de Bergson à Breton. Qualifiés de « misologues »3 , ils sont aux yeux de l’auteur ceux qui plongeraient les Lettres françaises dans « la misère, la solitude, l’excès »4 . Leur chef de fil intellectuel est nommé, le philosophe Henri Bergson, d’après qui le langage, abstrait, arbitraire, matériel, impose une simplification et fige l’idée, et ainsi l’appauvrit, la trahit. Avant Bergson, de nombreux auteurs et critiques auraient déjà été guidés par cette conception du langage, cette inégalité entre la matière (le signe) et l’idée (l’esprit) d’un mot. Toutefois le point commun, parmi ces critiques et écrivains, serait le suivant : en accord avec la théorie de Bergson, les mots auraient la capacité d’enchaîner la pensée : ils ne pourraient que la réduire, la détruire. Paulhan retrace ainsi la genèse d’un « pouvoir des mots », sorte de consensus autour de l’idée selon laquelle il y aurait notamment de « grands mots » à même de plonger le lecteur ou l’auditeur dans la confusion, et source de tromperie. L’auteur récuse cette idée de « pouvoir des mots », arguant tout d’abord qu’elle n’a jamais été observée par le moindre linguiste (Paulhan fait ici référence aux travaux de Michel Bréal) : au contraire, il semblerait que ce soit l’inverse qui ait été noté. Il rappelle à ce propos deux lois sémantiques, tout d’abord celle de l’usure des sens :

« Quand garce a son sens dévié, cette conscience invente fille ; et jeune fille, quand fille à son tour s’égare. Loin que le mot survive à l’idée, c’est l’idée qui survit au mot. »5

Ensuite il reproduit une seconde loi sémantique qui « porte que le sens commun, en matière de langage, dispose d’un instinct qui ne le trompe guère ; qu’il perçoit exactement, bien avant grammairiens et linguistes, les plus menues variations d’un sens »6. De fait, la conception évoquée plus tôt est largement discutée.

Paulhan inclut aussi dans les Terroristes Stendhal, Mallarmé, les Surréalistes. Reprenant le principe de projection, il oppose, à ceux qui reprochent un embarras de langage et de mots, leur propre verbalisme. Le principe de la Terreur selon lequel le langage ne doit pas être une préoccupation trop importante de l’homme est mis en relation avec l’aphorisme « Le verbalisme, c’est toujours la pensée des autres »7 que répète Paulhan. Ainsi, ce n’est plus l’écrivain qui fait preuve de verbalisme, mais son lecteur, qui l’affuble de ses propres angoisses.

De la terreur aux maintenances
La terreur décrite, Paulhan propose une tentative de résolution. Il amorce ainsi une période dite de « maintenance », où le malentendu serait dépassé, « le pouvoir des mots » déconstruit, le verbalisme mis en suspens. Cette période des « maintenances » est caractérisée par l’image d’un écriteau mentionné par l’auteur et qui figurerait à l’entrée du jardin public de Tarbes :

« IL EST DÉFENDU D’ENTRER DANS LE JARDIN AVEC DES FLEURS À LA MAIN »8

A la fin de l’ouvrage, il est remplacé par :

« IL EST DÉFENDU D’ENTRER DANS LE JARDIN PUBLIC SANS FLEURS À LA MAIN »9

Les fleurs, ce sont celles de rhétorique, dont la présence suspecte, voire la disparition, est à l’origine de cet état de misère et de suspicion dans lequel se trouveraient les lettres françaises.

Paulhan ne propose pas un retour à la rhétorique classique, mais une période intermédiaire de réinvention collective d’une rhétorique à même de servir la compréhension entre écrivain, critique et lecteur. La suite de sa réflexion, et l’ébauche de cette rhétorique, figurent dans un second ouvrage, intitulé Le Don des langues, publié en 1967.

Mise en accusation des écrivains et critiques du xixe au xxe siècle
La terreur littéraire est intimement liée à une période historique : les auteurs et critiques incriminés sont tous postérieurs à 1789 ou 1793, et la citation du conventionnel Joseph Le Bon d’août 1793 « Le tribunal révolutionnaire d’Arras jugera d’abord les prévenus distingués par leurs talents »10 rappelle ce lien à double entrée. À travers cette analogie, Paulhan invite de nombreux écrivains et critiques à questionner leur rapport au langage, et de fait à la littérature. L’auteur brosse le portrait d’une attitude face aux Lettres, insuffisante d’après ses effets et ses conséquences, qui aurait cours depuis le xixe siècle :

« Ce serait, à peu près, que Corneille ou Boileau peuvent se passer de la nouveauté, alors qu’elle est à Baudelaire ou Victor Hugo indispensable, s’ils veulent seulement s’exprimer. « Je hasarde, dit l’un, mon non tam meliora quam nova. » Mais l’autre : « Point d’art sans surprise. » Corneille est libre d’être neuf, voire extravagant – car la rhétorique place à égalité devant lui le cliché, le paradoxe. Mais Baudelaire ne l’est pas, si le paradoxe seul lui donne sens et dignité ; il faut que Nerval se pende, et qu’Hölderlin devienne fou. Ainsi des autres : car la fièvre est à Pascal un accident mais à Byron une mission. Et la prostituée de Victor Hugo tient de la déclaration de principes : elle porte message. Mais la princesse n’est à Racine qu’un lieu pur, où les passions jouent libres de gênes. L’une, c’est parce que prostituée ; l’autre, bien que princesse. Et le style personnel non plus n’est à La Bruyère ou Marivaux qu’une qualité entre cent – et certes inégale au goût, à la composition, au souci du vrai. Mais à Schwob ou Gourmont, de leur propre aveu, la raison même et la source de leurs autres qualités. Le monstre de Théramène est amusant comme un crocodile, mais le monstre surréaliste a tout l’ennui d’une démonstration. »11

La mise en cause des Surréalistes, et notamment de Breton, leur « Pape », est à entendre dans la radicalité des positions surréalistes, et de leur méfiance, voire leur haine, quant à la littérature de leurs ainés, leur volonté de démystifier et de faire disparaître (que ce soit dans les procès fictifs de Barrès, les mots pleins de haine écrits lors de la mort d’Anatole France ou à l’endroit de Cocteau, par exemple). Ils constituent ainsi les parfaits « terroristes » auxquels Paulhan fait référence12.

Langage et politique
Dans sa conception de la littérature, Paulhan invite le lecteur à considérer le mal qui affecte les Lettres françaises comme une maladie du langage : « Comme si les États et la nature n’étaient pas tout à fait différents d’un grand langage, que chacun silencieusement se parlerait »13

Le texte, paru en 1941, s’adresse aussi à ses contemporains et permet un élargissement du propos : le malentendu entre critiques, écrivains et lecteurs a trait au langage en général, et la tromperie peut aussi apparaître dans le domaine politique où les conceptions radicales des Terroristes trouvent écho dans le texte de Paulhan14. Si un écrit politique ne peut être entendu ou compris à cause du « pouvoir des grands mots » qu’il exerce, si sa sincérité est mise en doute, et qu’enfin l’auteur dispose de l’« alibi » de l’irresponsabilité (c’est-à-dire le fait de dire qu’il n’est qu’un vaisseau pour la parole), quels peuvent être les résultats de cet échange ? Durant l’entre-deux-guerres, quand un auteur parle de « démocratie », selon son orientation anarchiste, républicaine, antirépublicaine, socialiste, à quoi fait-il exactement référence ? Paulhan montre bien comment chacun entend le mot selon ce qui l’avantage, et ainsi comment « Le verbalisme, c’est toujours la pensée des autres »7. De plus, c’est à un véritable renversement des conceptions qu’aspire Paulhan : plus que « l’originalité », « la nouveauté » ou « la vérité », il cherche à redéfinir les attentes des participants à la communication littéraire, en créant une communion et un accord sur l’objet qu’est le langage : il espère sa réappropriation par l’homme.

Jean Paulhan a poursuivi cette réflexion, et conservé cette obsession tout au long de sa vie, en témoignent son Discours de réception à l’Académie française du 27 février 196415, et la réponse de Maurice Garçon16, prononcée le même jour.



























 

 

 

Jean Paulhan — Wikipédia (wikipedia.org)

 

Jean Paulhan est un écrivain, critique littéraire et éditeur français né à Nîmes1 (Gard) le 2 décembre 1884 et mort à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) le 9 octobre 1968.

Il est successivement secrétaire puis rédacteur en chef et enfin gérant de La Nouvelle Revue française (NRF) de 1920 à 19682.

Biographie
Fils du philosophe Frédéric Paulhan, Jean Paulhan étudie la psychologie française dans le sillage de Pierre Janet et de Georges Dumas. Il écrit dans des revues de philosophie, comme La Revue philosophique de la France et de l'étranger, ou de sciences sociales, comme Le Spectateur. Il fréquente assidûment les milieux anarchistes et s'intéresse déjà aux lieux communs et aux proverbes, thèmes auxquels il pense consacrer sa thèse. À la fin de 1907, il part pour Madagascar alors colonie française, où il enseigne principalement le français et le latin — occasionnellement aussi la gymnastique — au lycée de Tananarive. C'est là qu'il recueille des textes populaires malgaches, les hain-teny, qui prolongent sa réflexion sur la logique de l'échange.

De retour en France à la fin de 1910, il donne des cours de langue malgache à l'École des langues orientales. Il fait paraître en 1913, chez l'éditeur Paul Geuthner, le recueil de poésies populaires malgaches qui le fait connaître auprès des écrivains, notamment de Guillaume Apollinaire.

À la déclaration de la guerre, il est affecté au 9e régiment de zouaves, où il obtient le grade de sergent. Il est blessé pendant la nuit de Noël 1914. Cette expérience, au cours de laquelle il découvre en lui un patriotisme qu'il ne se connaissait pas, l'incite à prendre les notes qui deviendront son premier récit publié, Le Guerrier appliqué, modèle de tenue stylistique et mentale devant la catastrophe, et sur lequel Alain et Paul Valéry se montrent très élogieux.

Après la guerre, il se lie avec Paul Éluard et André Breton, mais devient en 1919 le secrétaire de Jacques Rivière, à la NRF. Il contribue à organiser le Congrès de Paris sur les directions de l'esprit moderne, participe à la revue présurréaliste Littérature et fait à la NRF le plein apprentissage de la direction de revues3. Le pluriel s'impose, car Paulhan aura veillé à conserver plusieurs revues à sa main : Commerce, Mesures et les Cahiers de la Pléiade. Gestion des abonnés, alimentation des rubriques, contact avec les écrivains, ses activités à la NRF forment le creuset d'une activité littéraire et éditoriale exceptionnelle. La Haute Commission interalliée des territoires rhénans (HCITR) le consulte pour le lancement d'un magazine littéraire bilingue destiné aux élites allemandes, la Revue rhénane : il recommande un jeune collaborateur de la NRF, Alexandre Vialatte, comme correspondant à Mayence4. Après la mort de Jacques Rivière, emporté par une fièvre typhoïde en février 1925, Paulhan incarne naturellement, aux yeux de Gaston Gallimard, le point d'équilibre entre expérience et modernisme.

De 1925 à juin 1940, Jean Paulhan dirige donc la principale revue littéraire d'Europe5, signant un certain nombre d'articles sous le pseudonyme de Jean Guérin6. Les années qui suivent sont écrasantes, mais d'une grande richesse intellectuelle et humaine. Paulhan y pratique l'amitié7, et observe l'attitude, faite de haine et d'amour, des écrivains devant le langage. Il appelle « Rhétoriqueurs » ceux qui ont confiance dans la capacité du langage à exprimer ce qu'ils ont à dire, et à l'inverse « Terroristes » ceux qui voient d'abord dans le langage un obstacle à l'expression. En 1932, il s'installe à Châtenay-Malabry au 29, rue Jean-Jaurès, et devient sur la liste SFIO de Jean Longuet, le petit-fils de Karl Marx, conseiller municipal de 1935 à 1941 avec son ami le docteur Henri Le Savoureux.


Jean Paulhan et Jean Blanzat dans la clandestinité en 1944.
En juin 1940, il emménage au 5, rue des Arènes à Paris où il restera jusqu'à son décès. Une plaque commémorative est apposée sur la façade. En juillet de la même année, il tente de persuader ses amis de l'échec inévitable de toute collaboration.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il entre dans une clandestinité partielle et travaille à la revue Résistance, puis fonde, avec Jacques Decour, les Lettres françaises. Il soutient les Éditions de Minuit fondées par Vercors et Pierre de Lescure, qui publient clandestinement Le Silence de la mer de Vercors. Ses activités sont connues des Allemands et lui valent une première arrestation. Après une semaine d'interrogatoire à la prison de la Santé, il est libéré grâce à l'intervention auprès d'Otto Abetz de l'écrivain collaborateur Pierre Drieu la Rochelle, son directeur au sein de la maison Gallimard.

En mai 1944, Élise Jouhandeau dénonce à la Gestapo Jean Paulhan comme « Juif », et Bernard Groethuysen, comme « communiste ». Marcel Jouhandeau prévient ainsi Paulhan de l'acte de sa femme : « Ce que j'aime le plus au monde a dénoncé ce que j'aime le plus au monde[réf. nécessaire] ». Jean Paulhan sera précisément prévenu de l'heure du « retour des mêmes personnages » (ceux de la Milice, plus probablement que ceux de la Gestapo) par un coup de fil de Gerhard Heller. Le jour où Louis Martin-Chauffier se fait arrêter à Lyon, Paulhan s'enfuit par les toits de la rue des Arènes et part alors se cacher chez Georges Batault (de l'Action française), qui collabora, en 1910, au Spectateur de René Martin-Guelliot, et qui est le beau-frère du Dr Henri Le Savoureux, 17, rue Marbeau. Il écrit là plusieurs des Causes célèbres. Il vit sous la clandestinité de mai à août 1944. À Pourrat, le « Jeudi », (c.p. 12 mai 1944), Paulhan écrit qu’à la suite d’un incident, il lui a fallu quitter la rue des Arènes pour la banlieue. À Pareau : « Vous connaissez la définition de la démocratie : “quand on vous réveille à 7 h., c’est pour vous apporter du lait”. Précisément ce qui s’est passé. Ce n’était pas du lait. »8.


L'hôtel particulier au 5, rue des Arènes à Paris où vécut Jean Paulhan.
Après la Libération, il accepte de participer à la revue dirigée par Jean-Paul Sartre, Les Temps modernes, mais sous le pseudonyme de Maast. L'évolution du Comité national des écrivains, initialement organe de résistance des écrivains et des intellectuels français, qui s'assigne pour tâche, sous la férule de Louis Aragon, une épuration de la littérature française, oblige Jean Paulhan à remettre en cause le principe d'une épuration et à prendre la défense d'écrivains « collaborateurs », non pour les justifier, mais pour leur permettre d'être à nouveau publiés9. Il dénonce alors les « vertueux » résistants littéraires de l'après-guerre devenus censeurs, notamment dans sa Lettre aux directeurs de la Résistance, et ose publier à nouveau Louis-Ferdinand Céline. Dans le même esprit, il écrit des articles pour la Revue de la Table ronde, éditée par la maison d'édition du même nom, où se retrouve la droite littéraire de l'après-guerre.

En janvier 1955, Jean Paulhan fait l'expérience de la mescaline avec la poétesse Edith Boissonnas et l'écrivain Henri Michaux. Cette prise de drogue hallucinogène fera l'objet, chez chacun d'eux, de publications : Rapport sur une expérience, de Jean Paulhan (publié dans ses œuvres complètes), Mescaline, d'Edith Boissonnas (La NRF, mai 1955), Misérable miracle, de Henri Michaux (Éditions du Rocher, 1956)10.

Il reprend la direction de la NRF après que celle-ci a été autorisée à reparaître, d'abord en janvier 1953, sous le titre Nouvelle Nouvelle Revue française, puis sous son titre initial, à partir de janvier 1959. Mais sa collaboration avec Marcel Arland devient de plus en plus tendue. Sans abandonner le terrain de la littérature contemporaine, il travaille à ses œuvres complètes, qui seront publiées, dans leur première édition, chez l'éditeur Claude Tchou, de 1966 à 1970. Il est élu membre de l'Académie française le 24 janvier 1963 par dix-sept voix contre dix pour le duc de Castries (son épée d'académicien est conçue par le peintre Robert Wogensky)11.

Son influence dans la « République des lettres » de l'immédiat après-guerre lui attire une spirituelle mise en boîte de la part de Boris Vian : dans l'Automne à Pékin (où il n'est question ni d'automne, ni de Pékin), le très pontifiant et très ridicule président du Conseil d'administration de la société qui bâtit un chemin de fer en Exopotamie est le baron Ursus de Jeanpolent, une allusion transparente.


Jean Paulhan en 1967.
Son œuvre comporte des récits mais également des écrits sur l'art (le cubisme et ce que dans un ouvrage de 1962 il nommait lui-même L'Art informel). Avec Jean Dubuffet, il contribuera à la définition du concept d'art brut. Il entretiendra également une intense correspondance avec certains artistes, comme Gaston Chaissac ou encore Yolande Fièvre, dont il célèbrera notamment les "orinoscopes"12.

En 1974, quelques années après sa mort, une exposition rendant hommage à la réflexion artistique menée par Paulhan sera d'ailleurs organisée au Grand Palais, à Paris. Intitulée, Jean Paulhan à travers ses peintres13, elle montrera au public certains de ses manuscrits ainsi qu'un extrait de sa monumentale correspondance et mettra à l'honneur la peinture de Braque, Picasso, Chirico, Chaissac, Dubuffet, Fièvre, etc14.

Toutefois, c'est surtout pour ses essais sur le langage et sur la littérature qu'il a acquis sa célébrité : Les Fleurs de Tarbes ou la Terreur dans les lettres, À demain la poésie, Petite préface à toute critique. Si une grande partie de son immense correspondance reste inédite, un intéressant choix de lettres, ainsi que son dialogue avec Paul Éluard, André Lhote, François Mauriac, Jean Grenier, Georges Perros, Francis Ponge, André Suarès, Marcel Arland, André Gide, Michel Leiris, Jacques Chardonne, Armand Petitjean, André Pieyre de Mandiargues, est déjà accessible, comme ses lettres écrites de Madagascar (1907-1910)15. Ce sera aussi prochainement le cas, par exemple, de ses correspondances avec Gaston Gallimard, Franz Hellens, Marcel Jouhandeau ou Jacques Rivière. Les archives de Jean Paulhan sont déposées à l'Institut mémoires de l'édition contemporaine. Les cinq premiers volumes de ses œuvres complètes ont paru en 2006, 2009, 2011 et 2018 chez Gallimard, dans une édition établie par Bernard Baillaud ; deux autres volumes suivront : les écrits sur l'art et les écrits politiques.

Jean Paulhan est inhumé au cimetière parisien de Bagneux (73e division). Sa seconde épouse, Germaine Paulhan, est décédée en 1976.

Distinctions et hommage
Grand officier de la Légion d'honneur Grand officier de la Légion d'honneur
Croix de guerre 1914-1918 Croix de guerre 1914-1918
Médaille de la Résistance française Médaille de la Résistance française
Allée Jean-Paulhan (7e arrondissement de Paris)