*ペスト 全訳*( V )㉕ | ミスター・ビーンのお気楽ブログ

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Albert Camus

La Peste(1947)


ペスト



V ㉕

Mais cette banale exubérance ne disait pas tout et ceux qui remplissaient les rues à la fin de l’après-midi, aux côtés de Rambert, déguisaient souvent, sous une attitude placide, des bonheurs plus délicats. Bien des couples et bien des familles, en effet, n’avaient pas d’autre apparence que celle de promeneurs pacifiques. En réalité, la plupart effectuaient des pèlerinages délicats aux lieux où ils avaient souffert. Il s’agissait de montrer aux nouveaux venus les signes éclatants ou cachés de la peste,
les vestiges de son histoire. Dans quelques cas, on se contentait de jouer au guide, à celui qui a vu beaucoup de choses, au contemporain de la peste, et on parlait du danger sans évoquer la peur. Ces plaisirs étaient inoffensifs. Mais dans d’autres cas, il s’agissait d’itinéraires plus frémissants où un amant, abandonné à la douce angoisse du souvenir, pouvait dire à sa compagne : « En ce lieu, à cette époque, je t’ai désirée et tu n’étais pas là. » Ces touristes de la passion pouvaient alors se reconnaître : ils formaient des îlots de chuchotements et de confidences au milieu du tumulte où ils cheminaient. Mieux que les orchestres aux carrefours, c’étaient eux qui annonçaient la vraie délivrance. Car ces couples ravis, étroitement ajustés et avares de paroles, affirmaient au milieu du tumulte, avec tout le triomphe et l’injustice du bonheur, que la peste était finie et que la terreur avait fait son temps. Ils niaient tranquillement, contre toute évidence, que nous ayons jamais connu ce monde insensé où le meurtre d’un homme était aussi quotidien que celui des mouches, cette sauvagerie bien définie, ce délire calculé, cet emprisonnement qui apportait avec lui une affreuse liberté à l’égard de tout ce qui n’était pas le présent, cette odeur de mort qui stupéfiait tous ceux qu’elle ne tuait pas, ils niaient enfin que nous ayons été ce peuple abasourdi dont tous les jours une partie, entassée dans la gueule d’un four, s’évaporait en fumées grasses, pendant que l’autre, chargée des chaînes de l’impuissance et de la peur, attendait son tour.

C’était là, en tout cas, ce qui éclatait aux yeux du docteur Rieux qui, cherchant à gagner les faubourgs, cheminait seul, à la fin de l’après-midi, au milieu des cloches, du canon, des musiques et des cris assourdissants. Son métier continuait, il n’y a pas de congé pour les malades. Dans la belle lumière fine qui descendait sur la ville, s’élevaient les anciennes odeurs de viande grillée et d’alcool anisé. Autour de lui des faces hilares se renversaient contre le ciel. Des hommes et des femmes s’agrippaient les uns aux autres, le visage enflammé, avec tout l’énervement et le cri du désir. Oui, la peste était finie, avec la terreur, et ces bras qui se nouaient disaient en effet qu’elle avait été exil et séparation, au sens profond du terme.




しかしこのありきたりの陽気さが全てを語っているわけではない。夕方近く、ランベールの傍らで通りを満たしていた人々は、穏やかな態度の下にもっと微妙な幸福感を隠していた。と言うのも、多くのカップルや家族たちは、外見は平和な散策者にしか見えなかったのだが、実際は、自分たちが苦しんだ場所を複雑な思いで巡礼のように一つ一つ訪れていたのだった。この都市にやって来た新参者に、彼らはペストの残した明白な印、あるいは、隠れた印を、つまりペストの歴史を物語る痕跡を見せていたのだった。ある場合には、多くのことを目撃し、ペストと同じ時を生きた者が果たす役割、つまりガイド役を彼らは演じているだけだった。そしてペストのもたらす恐怖を思い起こすことなく、その危険を口にしていた。それは罪のない喜びであった。しかし別の場合には、もっと心穏やかならぬ道程もあったのだ。そのときは、恋する男が連れの女に向かって、思い出のもたらす甘い苦悩に身を任せ、「あの頃、この場所で、僕は君が欲しかった。でも君はいなかったのだ。」と言っていたのかもしれない。そのとき、こうした情念の旅人たちは他の連中からは見分けがつくのだった。彼らは周囲の喧騒の中で小島を作り、ささやき声と打ち明け話を交わしていた。四つ角に出て演奏しているオーケストラ以上に、ペストからの真の解放を良く伝えていたのは彼らの存在だった。何故なら、喜びにあふれ、ぴったりと心を寄せ合い、言葉数も少ないこのカップルたちは、周囲の喧騒の中で、勝ち誇り、不公平にも見える幸福感を漂わせながら、ペストが終焉したこと、そしてペストがもたらす恐怖はその盛りを過ぎてしまったことを断言しているのだった。あらゆる明白な事実があるにもかかわらず、彼らは平然と否定していた。人が殺されることが、蠅が殺されるのと同じぐらい日常茶飯事であったあの狂気の世界を我々がかつて経験してきたことを。あの紛う方なき残虐さを。あの計算ずくの精神錯乱を。「現在」以外の全てのものに対して恐ろしい自由をもたらすことになったあの拘禁状態を。ペストに殺されなかった全ての人々を茫然とさせていたあの死の臭いを。そして最後に彼らは、我々が茫然と立ち尽くす市民であったこと、その一部が火葬場の窯の口に積み上げられ、もくもくと立ち上る煙となって消えていき、一方残された者たちは、恐怖と無力感の鎖にがんじがらめにされて、自分の順番を待っていたあの市民であったことを否定していたのだった。

いずれにしろ、リゥ医師の目にはっきりと映ったのはそのことだった。彼は周辺地区に行くつもりで、夕方近く鐘と大砲が鳴り響く中を、音楽と耳を聾するような叫び声の中をただ一人歩いていた。医者としての彼の職務はまだ続いていた。病人に休暇など無いからだ。この都市に注がれた美しい薄明りの中で、昔ながらの焼肉とアニス酒の臭いが立ち上っていた。リゥの周りでは人々の陽気な顔があり、空を見上げていた。男と女は顔を火照らせ、すっかり興奮して欲望の叫び声を上げ、互いにしっかり抱き合っていた。そう、ペストもその恐怖も終わっていたのだ。実際、互いに絡み合ったそれら男女の腕は、ペストとは、その深い意味で、追放、あるいは、流刑であったこと、そして別離であったことを物語っていた。


la peste V ㉕

(ミスター・ビーン訳)

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