*ペスト 全訳*( IV )㊻ | ミスター・ビーンのお気楽ブログ

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Albert Camus

La Peste(1947)


ペスト



IV ㊻

Un moment après, l’auto s’arrêtait près des grilles du port. La lune s’était levée. Un ciel laiteux projetait partout des ombres pâles. Derrière eux s’étageait la ville et il en venait un souffle chaud et malade qui les poussait vers la mer. Ils montrèrent leurs papiers à un garde qui les examina assez longuement. Ils passèrent et à travers les terre-pleins couverts de tonneaux, parmi les senteurs de vin et de poisson, ils prirent la direction de la jetée. Peu avant d’y arriver, l’odeur de l’iode et des algues leur annonça la mer. Puis ils l’entendirent.

Elle sifflait doucement au pied des grands blocs de la jetée et, comme ils les gravissaient, elle leur apparut, épaisse comme du velours, souple et lisse comme une bête. Ils s’installèrent sur les rochers tournés vers le large. Les eaux se gonflaient et redescendaient lentement. Cette respiration calme de la mer faisait naître et disparaître des reflets huileux à la surface des eaux. Devant eux, la nuit était sans limites. Rieux, qui sentait sous ses doigts le visage grêlé des rochers, était plein d’un étrange bonheur. Tourné vers Tarrou, il devina, sur le visage calme et grave de son ami, ce même bonheur qui n’oubliait rien, pas même l’assassinat.

Ils se déshabillèrent. Rieux plongea le premier. Froides d’abord, les eaux lui parurent tièdes quand il remonta. Au bout de quelques brasses, il savait que la mer, ce soir-là, était tiède, de la tiédeur des mers d’automne qui reprennent à la terre la chaleur emmagasinée pendant de longs mois. Il nageait régulièrement. Le battement de ses pieds laissait derrière lui un bouillonnement d’écume, l’eau fuyait le long de ses bras pour se coller à ses jambes. Un lourd clapotement lui apprit que Tarrou avait plongé. Rieux se mit sur le dos et se tint immobile, face au ciel renversé, plein de lune et d’étoiles. Il respira longuement. Puis il perçut de plus en plus distinctement un bruit d’eau battue, étrangement clair dans le silence et la solitude de la nuit. Tarrou se rapprochait, on entendit bientôt sa respiration. Rieux se retourna, se mit au niveau de son ami, et nagea dans le même rythme. Tarrou avançait avec plus de puissance que lui et il dut précipiter son allure. Pendant quelques minutes, ils avancèrent avec la même cadence et la même vigueur, solitaires, loin du monde, libérés enfin de la ville et de la peste. Rieux s’arrêta le premier et ils revinrent lentement, sauf à un moment où ils entrèrent dans un courant glacé. Sans rien dire, ils précipitèrent tous deux leur mouvement, fouettés par cette surprise de la mer.

Habillés de nouveau, ils repartirent sans avoir prononcé un mot. Mais ils avaient le même coeur et le souvenir de cette nuit leur était doux. Quand ils aperçurent de loin la sentinelle de la peste, Rieux savait que Tarrou se disait, comme lui, que la maladie venait de les oublier, que cela était bien, et qu’il fallait maintenant recommencer.



その少し後、リゥの車は港の鉄柵の近くに止まっていた。もう月が出ていた。乳色の空が辺り一面に青白い影を投げかけている。背後には、都市が階段状に広がり、そこから吹き寄せる熱く病んだ風が二人を海の方へ押しやっているのだった。彼らが書類を衛兵に見せると、衛兵はかなり時間をかけて点検した。リゥとタルーは先に進み、樽で被われた土手を横切り、ワインと魚の臭いの中を防波堤に向かった。防波堤に着く直前、ヨードと海藻の臭いがその先に海があることを告げた。それから、海の音が聞こえてきた。

海は防波堤の大きなブロック群の足元で、静かに口笛のような音をたてていた。そして二人がブロックをよじ登るにつれて、海はビロードのように厚く、獣のようにしなやかでなめらかな姿を現した。リゥとタルーは、外海に向いた岩の上に腰を下ろした。海水はゆっくりと盛り上がり、そしてまたゆっくりと引いていく。海のこの静かな息遣いに合わせて、油を流したような艶やかな海面が現れては消えていった。眼前には、果てしない闇が広がっている。指の下にあばた面のようにごつごつした岩肌を感じ、リゥの心は不思議な幸福感に溢れていた。タルーの方を振り返ると、何事も、殺人のことすら忘れてはいないこの友の静かで厳粛な顔に、自分と同じ幸福感が表れているのが見て取れるのだった。

二人は服を脱いだ。リゥが先に飛び込む。最初は冷たかった海水が、再び海面に顔を出した時には生温かく思えた。二掻き三掻きした後、リゥは、その晩の海は温かいことが分かったが、それは数か月の長きにわたり蓄えられた熱を、秋の海が陸地から奪い取っているせいなのだ。リゥは規則正しいペースで泳いでいた。両足が海面を叩き、背後に泡を残し、水は腕をすり抜けて両脚に絡みついてきた。鈍い水音が聞こえ、タルーも飛び込んだことが分かった。リゥは仰向けになり、じっとしたまま月と星々に満ちた空に顔を向けていた。彼は長々と息を吸い込んだ。それから海面を叩く音が、夜の静寂と孤独の中で奇妙に澄んだその水音が次第にはっきりと聞こえてきた。タルーが近づいてきたのだ。やがて彼の息遣いが聞こえてきた。リゥは身体を反転させ、友のペースに合わせ、同じリズムで泳いだ。タルーはリゥよりも力強く前進していったので、リゥはスピードを上げなければならなかった。数分の間、リゥとタルーは、二人きりで世間から離れ、終に都市からもペストからも解放されて、同じリズム、同じ力で前に進んだ。リゥが先に前進を止め、二人はゆっくりと引き返して行った。ただ、一瞬氷のように冷たい流れに入り込んだときは別だ。そのときは二人とも、海が繰り出した不意打ちに鞭打たれたように、無言のまま動きを速めたのだった。

再び服を着ると、二人は一言も交わさず家路についた。しかし、二人とも気持ちは同じ、その夜の出来事は彼らにとって心にしみる思い出となっていたのだ。二人が遠くから、辺りを見張るペストの姿を見かけたとき、リゥは、タルーもまた自分同様、ペストがついさっきまで彼らの存在を忘れていたこと、それはそれで素晴らしいことであったが、今は闘いを再開しなければならぬと考えていることが分かるのだった。


la peste IV ㊻

(ミスター・ビーン訳)

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