*ペスト 全訳*( IV )③ | ミスター・ビーンのお気楽ブログ

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Albert Camus

La Peste(1947)


ペスト



IV ③

C’est à de telles faiblesses que Rieux pouvait juger de sa fatigue. Sa sensibilité lui échappait. Nouée la plupart du temps, durcie et desséchée, elle crevait de loin en loin et l’abandonnait à des émotions dont il n’avait plus la maîtrise. Sa seule défense était de se réfugier dans ce durcissement et de resserrer le noeud qui s’était formé en lui. Il savait bien que c’était la bonne manière de continuer. Pour le reste, il n’avait pas beaucoup d’illusions et sa fatigue lui ôtait celles qu’il conservait encore. Car il savait que, pour une période dont il n’apercevait pas le terme, son rôle n’était plus de guérir. Son rôle était de diagnostiquer. Découvrir, voir, décrire, enregistrer, puis condamner, c’était sa tâche. Des épouses lui prenaient le poignet et hurlaient : « Docteur, donnez-lui la vie ! » Mais il n’était pas là pour donner la vie, il était là pour ordonner l’isolement. À quoi servait la haine qu’il lisait alors sur les visages ? « Vous n’avez pas de coeur », lui avait-on dit un jour. Mais si, il en avait un. Il lui servait à supporter les vingt heures par jour où il voyait mourir des hommes qui étaient faits pour vivre. Il lui servait à recommencer tous les jours. Désormais, il avait juste assez de coeur pour ça. Comment ce coeur aurait-il suffi à donner la vie ?

Non, ce n’étaient pas des secours qu’il distribuait à longueur de journée, mais des renseignements. Cela ne pouvait pas s’appeler un métier d’homme, bien entendu. Mais, après tout, à qui donc, parmi cette foule terrorisée et décimée, avait-on laissé le loisir d’exercer son métier d’homme ? C’était encore heureux qu’il y eût la fatigue. Si Rieux avait été plus frais, cette odeur de mort partout répandue eût pu le rendre sentimental. Mais quand on n’a dormi que quatre heures, on n’est pas sentimental. On voit les choses comme elles sont, c’est-à-dire qu’on les voit selon la justice, la hideuse et dérisoire justice. Et les autres, les condamnés, le sentaient bien eux aussi. Avant la peste, on le recevait comme un sauveur. Il allait tout arranger avec trois pilules et une seringue, et on lui serrait le bras en le conduisant le long des couloirs. C’était flatteur, mais dangereux. Maintenant, au contraire, il se présentait avec des soldats, et il fallait des coups de crosse pour que la famille se décidât à ouvrir. Ils auraient voulu l’entraîner et entraîner l’humanité entière avec eux dans la mort. Ah ! il était bien vrai que les hommes ne pouvaient pas se passer des hommes, qu’il était aussi démuni que ces malheureux et qu’il méritait ce même tremblement de pitié qu’il laissait grandir en lui lorsqu’il les avait quittés.




このように気持ちが乱れるとき、リゥは自分が疲れていることに気付くのだった。彼の感性が独り歩きしていたのだ。彼の感性はたいていの場合、縛られ、冷酷で冷淡なものにされていたのだが、たまに爆発し、そうなるとリゥはもう抑えようがないほど気持ちが昂ぶってしまうのだ。唯一の防御法は、いつもの冷酷さに逃げ込み、心の中に作られていた結び目を固く結び直すことだった。仕事を続けるにはそれが良策であることをリゥはよく承知していた。その他のことでは、彼はあまり幻想を抱いてはいなかった。それに、他ならぬ疲労が、彼がまだ抱いていた幻想を取り除いてくれていたのだ。何故なら、いつ果てるとも知れぬ時期に、彼の役割はもはや治療することではないことをリゥは心得ていた。彼の役割は診断を下すことだった。病気を発見し、観察し、詳述し、それから刑を宣告する、それが彼の仕事だった。妻たちはリゥの手首を掴み、喚(わめ)いていた。「先生、夫の命を救ってください!」しかし彼は、命を救うために来たのではない。隔離を命ずるために来たのだった。そのとき、妻たちの顔に読み取れた憎しみが何の役に立っただろう?「先生には心というものが無いんです。」と彼はある日言われたことがあった。いや、彼にも心はある。しかしその心は、毎日、本来なら生きるために生まれてきた人々が死んでいく様を眺める20時間を支えるために使われていたのだ。そんな毎日を再び始めるために使われていたのである。今やリゥにはそんな状態を耐えるだけの心しかなかった。そんな心でどうして人の命を救うことなど出来ようか?

そう、一日中リゥが与えていたのは救いではなく情報だった。それは無論、とても人間の仕事と呼べるものではなかった。しかし、結局のところ、恐怖に怯え大量に殺されていく群衆の中にいて、人間らしい仕事を行う余裕など誰に残されていたというのか?疲労があるだけまだ幸いだった。もし彼がもっと元気だったら、そこら中に立ちこめるあの死の臭い故に、彼は感傷的になっていたかもしれない。しかし睡眠時間が4時間しかなければ、人は感傷的にはならない。物事をありのままに、つまり、公正な見方で、忌むべき、取るに足らぬ公正な見方で物事を眺めることになる。そして病人の方も、つまり刑を宣告された方もそのことを十分に感じ取っていた。ペストが都市を襲う前、彼は救い主のように迎えられていた。病人の家に行き丸薬三つと注射一本で全てを解決するのだ。そして家の者は彼の腕をとり、廊下伝いに彼を病室へと案内するのだった。それは気分のいいものだったが、危険でもあった。今は逆に、リゥは兵士と共に登場する。そして銃床でドアを何回か叩かなければ、家族の者はドアを開ける決心がつかなかった。彼らはリゥを、いや、人類全体を彼らと共に死の道連れにしようと望んでいたことだろう。ああ!確かに人は人なしには生きられないのだ。リゥもまたあの不幸な人々同様に脆い人間であり、彼が病人と別れた後で心に沸々と湧き上がる身も震えるような憐みの気持ち、リゥもまたそれを受けるに値する人間だったのだ。


la peste IV ③

(ミスター・ビーン訳)

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