*異邦人 全訳*(第1部 第6章 ⑧) | ミスター・ビーンのお気楽ブログ

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Albert Camus

L’ÉTRANGER(1942)

第一部 第6章⑧

PREMIÈRE PARTIE

VI ⑧

1時間30分17秒から1時間33分48秒まで



Dès qu’il m’a vu, il s’est soulevé un peu et a mis la
main dans sa poche. Moi, naturellement, j’ai serré le
revolver de Raymond dans mon veston. Alors de
nouveau, il s’est laissé aller en arrière, mais sans retirer la
main de sa poche. J’étais assez loin de lui, à une dizaine de
mètres. Je devinais son regard par instants, entre ses
paupières mi-closes. Mais le plus souvent, son image
dansait devant mes yeux, dans l’air enflammé. Le bruit
des vagues était encore plus paresseux, plus étale qu’à
midi. C’était le même soleil, la même lumière sur le même
sable qui se prolongeait ici. Il y avait déjà deux heures que
la journée n’avançait plus, deux heures qu’elle avait jeté
l’ancre dans un océan de métal bouillant. À l’horizon, un
petit vapeur est passé et j’en ai deviné la tache noire au
bord de mon regard, parce que je n’avais pas cessé de
regarder l’Arabe.

J’ai pensé que je n’avais qu’un demi-tour à faire et ce
serait fini. Mais toute une plage vibrante de soleil se
pressait derrière moi. J’ai fait quelques pas vers la source.
L’Arabe n’a pas bougé. Malgré tout, il était encore assez
loin. Peut-être à cause des ombres sur son visage, il avait
l’air de rire. J’ai attendu. La brûlure du soleil gagnait mes
joues et j’ai senti des gouttes de sueur s’amasser dans
mes sourcils. C’était le même soleil que le jour où j’avais
enterré maman et, comme alors, le front surtout me
faisait mal et toutes ses veines battaient ensemble sous la
peau. À cause de cette brûlure que je ne pouvais plus
supporter, j’ai fait un mouvement en avant. Je savais que
c’était stupide, que je ne me débarrasserais pas du soleil
en me déplaçant d’un pas. Mais j’ai fait un pas, un seul pas
en avant. Et cette fois, sans se soulever, l’Arabe a tiré son
couteau qu’il m’a présenté dans le soleil. La lumière a giclé
sur l’acier et c’était comme une longue lame étincelante
qui m’atteignait au front. Au même instant, la sueur
amassée dans mes sourcils a coulé d’un coup sur les
paupières et les a recouvertes d’un voile tiède et épais.
Mes yeux étaient aveuglés derrière ce rideau de larmes et
de sel. Je ne sentais plus que les cymbales du soleil sur
mon front et, indistinctement, le glaive éclatant jailli du
couteau toujours en face de moi. Cette épée brûlante
rongeait mes cils et fouillait mes yeux douloureux. C’est
alors que tout a vacillé. La mer a charrié un souffle épais
et ardent. Il m’a semblé que le ciel s’ouvrait sur toute son
étendue pour laisser pleuvoir du feu. Tout mon être s’est
tendu et j’ai crispé ma main sur le revolver. La gâchette a
cédé, j’ai touché le ventre poli de la crosse et c’est là, dans
le bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a
commencé. J’ai secoué la sueur et le soleil. J’ai compris
que j’avais détruit l’équilibre du jour, le silence
exceptionnel d’une plage où j’avais été heureux. Alors, j’ai
tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles
s’enfonçaient sans qu’il y parût. Et c’était comme quatre
coups brefs que je frappais sur la porte du malheur.


僕の姿を見るとすぐ、奴は少し体を起こして片手をポケットに入れた。勿論僕は上着の中のレモンのピストルを握りしめる。するとまた奴は体を後ろにずらせたが、ポケットからは手を出さない。奴との距離はかなりある。10メートルぐらいだ。僕はときどき半ば閉じた瞼(まぶた)から覗く奴の目の動きをうかがっていた。でもたいていは、燃えるような空気の中、奴の姿全体が踊るように目の前で揺れている。波の音は正午に比べ、はるかに緩慢になり静かになっていた。ところが、ここでは正午と同じ太陽、同じ砂を照らす同じ光が居座っている。もう二時間も前から昼は歩みを止めている。昼は二時間前に煮えたぎる金属のような海に時を止める碇を投げ込んでいたのだった。水平線で小さな蒸気船が通り過ぎる。もっとも、絶えずアラブ人を凝視していたので、目の隅に蒸気船らしい黒い影が見えただけだ。

引き返せば済むことだと思った。しかし浜全体が陽光に身を震わせ、僕の背中を押している。僕は泉に向かい2、3歩前進した。アラブ人は動かない。それでも奴はまだかなり遠い。おそらく彼の顔にかかる影のせいで、奴が笑っているように見える。僕は待った。焼けつくような日差しが頬を捉え、汗の滴が眉毛に溜まっていく。それは母さんを埋葬した日と同じ日差しだ。あのときのように額が特に痛くなる。そして額の皮膚の下で全ての血管が一斉に脈打っていた。もうこれ以上は耐えられない暑さ、焼けつくような暑さのせいで、僕は一歩前に進んだ。それが馬鹿げたことで、一歩前進したところで太陽からは逃れられないことは分かっている。それでも僕は前に進んだ。たった一歩の前進だ。今度は体を起こしもせず、アラブ人はナイフを抜き陽光の中でそれを僕の目の前にかざした。ナイフから光が迸(ほとばし)り、長い光の刃(やいば)が僕の額を襲う。それと同時に、眉毛に溜まっていた汗が一気に瞼に流れ、生温かい厚いヴェールになって瞼を覆う。涙と塩のカーテンに隠れ、僕の目は見えなくなっていた。もはや感じられるのはシンバルを鳴らすように額に降り注ぐ陽の光と、それと分かちがたく襲ってくる刃、目の前のナイフから迸る光の刃だけだ。その焼けつくような光の剣(つるぎ)がまつ毛を蝕(むしば)み、痛む目を抉(えぐ)る。そのとき、全てが揺らいだ。海は焼けつくような分厚い息吹を運んで来る。僕には空の全面が開き、火が降り注がれるように思えた。僕は全身を固くし、ピストルを握りしめる。安全装置を外し、銃床の艶やかな腹に触る。そのとき、渇いた、それでいて耳を聾するような音と共に全てが始まった。僕は汗と陽光を振い落とした。自分が真昼の均衡を破り、それまで幸福に過ごしていた浜辺の並外れた静寂を破ったことが分かった。動かなくなった体にさらに4発撃ち込む。弾丸は死体に食い込んだが、とてもそうは見えない。そしてそれは不幸の扉を叩く4回の短いノックの音のようだった。


第一部 第6章⑧

(ミスター・ビーン訳)

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