*異邦人 全訳*(第1部 第6章 ⑥) | ミスター・ビーンのお気楽ブログ

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Albert Camus

L’ÉTRANGER(1942)

第一部 第6章⑥

PREMIÈRE PARTIE

VI ⑥

1時間25分02秒から1時間28分17秒まで



Vers une heure et demie, Raymond est revenu avec
Masson. Il avait le bras bandé et du sparadrap au coin de
la bouche. Le docteur lui avait dit que ce n’était rien, mais
Raymond avait l’air très sombre. Masson a essayé de le
faire rire. Mais il ne parlait toujours pas. Quand il a dit
qu’il descendait sur la plage, je lui ai demandé où il allait.
Il m’a répondu qu’il voulait prendre l’air. Masson et moi
avons dit que nous allions l’accompagner. Alors, il s’est
mis en colère et nous a insultés. Masson a déclaré qu’il ne
fallait pas le contrarier. Moi, je l’ai suivi quand même.

Nous avons marché longtemps sur la plage. Le soleil
était maintenant écrasant. Il se brisait en morceaux sur le
sable et sur la mer. J’ai eu l’impression que Raymond
savait où il allait, mais c’était sans doute faux. Tout au
bout de la plage, nous sommes arrivés enfin à une petite
source qui coulait dans le sable, derrière un gros rocher.
Là, nous avons trouvé nos deux Arabes. Ils étaient
couchés, dans leurs bleus de chauffe graisseux. Ils avaient
l’air tout à fait calmes et presque contents. Notre venue
n’a rien changé. Celui qui avait frappé Raymond le
regardait sans rien dire. L’autre soufflait dans un petit
roseau et répétait sans cesse, en nous regardant du coin
de l’oeil, les trois notes qu’il obtenait de son instrument.

Pendant tout ce temps, il n’y a plus eu que le soleil et
ce silence, avec le petit bruit de la source et les trois notes.
Puis Raymond a porté la main à sa poche revolver, mais
l’autre n’a pas bougé et ils se regardaient toujours. J’ai
remarqué que celui qui jouait de la flûte avait les doigts
des pieds très écartés. Mais sans quitter des yeux son
adversaire, Raymond m’a demandé : « Je le descends ? »
J’ai pensé que si je disais non il s’exciterait tout seul et
tirerait certainement. Je lui ai seulement dit : « Il ne t’a
pas encore parlé. Ça ferait vilain de tirer comme ça. » On
a encore entendu le petit bruit d’eau et de flûte au coeur
du silence et de la chaleur. Puis Raymond a dit : « Alors, je
vais l’insulter et quand il répondra, je le descendrai. » J’ai
répondu : « C’est ça. Mais s’il ne sort pas son couteau, tu
ne peux pas tirer. » Raymond a commencé à s’exciter un
peu. L’autre jouait toujours et tous deux observaient
chaque geste de Raymond. « Non, ai-je dit à Raymond.
Prends-le d’homme à homme et donne-moi ton revolver.
Si l’autre intervient, ou s’il tire son couteau, je le
descendrai. »

Quand Raymond m’a donné son revolver, le soleil a
glissé dessus. Pourtant, nous sommes restés encore
immobiles comme si tout s’était refermé autour de nous.
Nous nous regardions sans baisser les yeux et tout
s’arrêtait ici entre la mer, le sable et le soleil, le double
silence de la flûte et de l’eau. J’ai pensé à ce moment
qu’on pouvait tirer ou ne pas tirer. Mais brusquement, les
Arabes, à reculons, se sont coulés derrière le rocher.
Raymond et moi sommes alors revenus sur nos pas. Lui
paraissait mieux et il a parlé de l’autobus du retour.



1時半頃、レモンはマソンと一緒に戻って来た。腕には包帯を巻き、口の端には絆創膏を貼っている。医者の話では大したことはないそうだが、レモンはひどく暗い顔をしている。マソンはレモンを笑わせようとするが、彼は相変わらず無口のままだ。レモンが浜に降りると言うので、僕は何処に行くのかと訊いてみた。彼は散歩をしたいと言う。マソンと僕が一緒について行くと言うと、レモンは怒り出し僕らを罵った。「俺を怒らせるな!」とキッパリした口調で言う。それでも僕はレモンについて行った。

僕たちは長い間浜辺を歩いた。強烈な日差しだ。日光は砂に当たり、海に当たり、砕け散っている。レモンには行き先が分かっているという気がしたが、多分それは間違いだったのだろう。砂浜の端まで来ると、小さな泉があった。それは大きな岩の後ろにあって、砂の間を流れている。そこにあの二人のアラブ人がいた。油じみた作業着を着たまま寝転がっている。落ち着き払っていてむしろ満足げな様子だ。僕たちがやって来ても顔色一つ変えない。レモンを殴った奴は無言でレモンを眺めている。仲間の方は小さな葦の笛を吹き、横目で僕らを眺めながら葦笛で吹ける三つの音を絶えず繰り返し吹いていた。

その間、そこにはもう太陽と沈黙しかなかった。泉が流れる小さな音と葦笛の奏でる三つの音を伴う沈黙だ。レモンは片手を尻ポケットに回したが、相手は動かなかった。相変わらずお互いに睨み合っている。僕は葦笛を吹いている男は、足の指がひどく離れていることに気付いた。レモンは相手から目を離さずに僕に訊いた。「奴を撃ち殺すか?」もし「ダメだ。」と言えば、レモンは一人頭に血が昇って間違いなく引鉄を引くだろうと僕は思った。そこでただこう言った。「奴はまだ口をきいていない。このままぶっ放すのは卑怯だろう。」再び沈黙と暑さの中に小さな水音と葦笛の音が聞こえる。するとレモンが言った。「じゃ、奴を罵ってやろう。口答えしたら奴を撃ち殺す。」「そうだ。でも、奴がナイフを抜かないなら撃っちゃだめだ。」と僕は答えた。レモンが少し興奮気味になる。奴の仲間は相変わらず葦笛を吹き、二人ともレモンの一挙手一投足を見守っている。「ダメだ!」と僕は言った。「奴とは差しで勝負しろ、あんたのピストルは俺によこせ。奴の仲間が邪魔したり、奴がナイフを抜くようなら、俺がそいつを撃ち殺す。」

レモンが僕にピストルを渡し、太陽が頭上を滑って行く。しかし、僕たちはまだじっとしたままだ。まるで周囲の全てがそこに閉じ込められているような感じだ。僕たちは目を逸らさず睨み合っている。海と砂と太陽の間にあり、葦笛の音と泉の水音の二重の沈黙の間にあるこの場所では、あらゆるものが停止していた。僕はいつピストルを撃ったらよいか、あるいは撃ってはならぬかを考えていた。しかし突然、二人のアラブ人は後ずさりをして岩の後ろに潜り込む。そこでレモンと僕は来た道を引き返した。レモンはほっとした様子で、帰りのバスの話をした。


第一部 第6章⑥

(ミスター・ビーン訳)

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