*異邦人 全訳*(第1部 第2章 ③) | ミスター・ビーンのお気楽ブログ

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Albert Camus

L’ÉTRANGER(1942)


第一部 第2章③


PREMIÈRE PARTIE

II ③

33分43秒から36分36秒まで



À cinq heures, des tramways sont arrivés dans le
bruit. Ils ramenaient du stade de banlieue des grappes de
spectateurs perchés sur les marchepieds et les
rambardes. Les tramways suivants ont ramené les
joueurs que j’ai reconnus à leurs petites valises. Ils
hurlaient et chantaient à pleins poumons que leur club ne
périrait pas. Plusieurs m’ont fait des signes. L’un m’a
même crié : « On les a eus. » Et j’ai fait : « Oui », en
secouant la tête. À partir de ce moment, les autos ont
commencé à affluer.

La journée a tourné encore un peu. Au-dessus des
toits, le ciel est devenu rougeâtre et, avec le soir naissant,
les rues se sont animées. Les promeneurs revenaient peu
à peu. J’ai reconnu le monsieur distingué au milieu
d’autres. Les enfants pleuraient ou se laissaient traîner.
Presque aussitôt, les cinémas du quartier ont déversé
dans la rue un flot de spectateurs. Parmi eux, les jeunes
gens avaient des gestes plus décidés que d’habitude et j’ai
pensé qu’ils avaient vu un film d’aventures. Ceux qui
revenaient des cinémas de la ville arrivèrent un peu plus
tard. Ils semblaient plus graves. Ils riaient encore, mais
de temps en temps, ils paraissaient fatigués et songeurs.
Ils sont restés dans la rue, allant et venant sur le trottoir
d’en face. Les jeunes filles du quartier, en cheveux, se
tenaient par le bras. Les jeunes gens s’étaient arrangés
pour les croiser et ils lançaient des plaisanteries dont elles
riaient en détournant la tête. Plusieurs d’entre elles, que
je connaissais, m’ont fait des signes.

Les lampes de la rue se sont alors allumées
brusquement et elles ont fait pâlir les premières étoiles
qui montaient dans la nuit. J’ai senti mes yeux se fatiguer
à regarder les trottoirs avec leur chargement d’hommes
et de lumières. Les lampes faisaient luire le pavé mouillé,
et les tramways, à intervalles réguliers, mettaient leurs
reflets sur des cheveux brillants, un sourire ou un
bracelet d’argent. Peu après, avec les tramways plus
rares et la nuit déjà noire au-dessus des arbres et des
lampes, le quartier s’est vidé insensiblement, jusqu’à ce
que le premier chat traverse lentement la rue de nouveau
déserte. J’ai pensé alors qu’il fallait dîner. J’avais un peu
mal au cou d’être resté longtemps appuyé sur le dos de
ma chaise. Je suis descendu acheter du pain et des pâtes,
j’ai fait ma cuisine et j’ai mangé debout. J’ai voulu fumer
une cigarette à la fenêtre, mais l’air avait fraîchi et j’ai eu
un peu froid. J’ai fermé mes fenêtres et en revenant j’ai
vu dans la glace un bout de table où ma lampe à alcool
voisinait avec des morceaux de pain. J’ai pensé que c’était
toujours un dimanche de tiré, que maman était
maintenant enterrée, que j’allais reprendre mon travail et
que, somme toute, il n’y avait rien de changé.


5時になると、街の喧騒の中を市電がやって来た。郊外のスタジアムから帰る観客が乗っている。ステップや手すりは観客で鈴なりだ。後に続く市電には選手が乗っていた。小型のスーツケースでそれとわかる。クラブは不滅だと声が嗄れるほどがなりたて、歌っている。合図を送る奴もいて、そのうちの一人は僕に向かって「やっつけたぜ」と言った。僕はうなづきながら「おお」と応えた。その後は、通りに車が溢れてきた。

日がまた少し傾いた。屋根の上の空が茜色になる。夜になりかかると、通りは賑やかになった。散歩に出かけた連中が三々五々戻ってくる。その中には例の上品神士もいた。子供たちは泣いていたり、手を引っ張られたりしている。ほぼ同時に、この地区の映画館から出てきた観客の群れが通りに溢れた。若い連中は普段より勇ましいジェスチャーをしている。アクション映画でも観たのだろう。少し遅れて、市の映画館から戻る連中がやって来る。彼らはもっと深刻な顔をしている。ときどき笑いはするが、疲れてもの思わしげな様子だ。通りに残り、正面の歩道を行ったり来たりしている。この界隈の娘たちは帽子も被らず、お互いに腕を組んでいる。若者たちは上手くすれ違うようにして、冗談を浴びせかけるが、娘たちはそっぽを向いて笑っている。知り合いの娘たちのうち、僕に合図を送ってくるのもいた。

そのときだしぬけに、街灯が点いた。夜空に昇っている最初の星々が街灯の光で色あせる。人と光で溢れた歩道を眺めていたせいで目が疲れてきた。街灯の灯りで濡れた舗石が光り、等間隔でやって来る市電のヘッドライトにきらきらした髪、微笑、銀のブレスレットが浮き上がった。程なく市電も間遠になる。木々や街灯の上は深い闇だ。知らぬ間に人通りは少なくなり、再び人気のなくなった通りを最初の猫がゆっくりと横切る。夕食を食べなきゃと思った。長いこと椅子の背にもたれていたせいで少し首が痛い。下に降りてパンとパイ生地を買う。夕食を自分で作り、立ったまま食べた。窓辺でタバコを一本吸いたかったが、風が冷たくなり、少し寒い。窓を閉め部屋に戻ろうとすると、鏡にテーブルの一部が映っているのが見えた。テーブルの上にアルコールランプとパンが隣り合わせに並んでいる。相変わらずの冴えない日曜日、母さんは今は土の下だし、明日からまた仕事。結局、何も変わっていないと思った。



第一部 第二章③


(ミスター・ビーン訳)



宝石赤パリのアメリカ人(ガーシュイン)