*異邦人 全訳*(第2部 第3章 ⑤)  | ミスター・ビーンのお気楽ブログ

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Albert Camus

L’ÉTRANGER(1942)

第二部 第3章⑤

DEUXIÈME PARTIE

III ⑤

2時間14分31秒から2時間18分45秒まで



Je n’ai pas eu le temps de réfléchir. On m’a emmené, fait monter dans la voiture cellulaire et conduit à la prison où j’ai mangé. Au bout de très peu de temps, juste assez pour me rendre compte que j’étais fatigué, on est revenu me chercher ; tout a recommencé et je me suis trouvé dans la même salle, devant les mêmes visages. Seulement la chaleur était beaucoup plus forte et comme par un miracle chacun des jurés, le procureur, mon avocat et quelques journalistes étaient munis aussi d’éventails de paille. Le jeune journaliste et la petite femme étaient toujours là. Mais ils ne s’éventaient pas et me regardaient encore sans rien dire.

J’ai essuyé la sueur qui couvrait mon visage et je n’ai repris un peu conscience du lieu et de moi-même que lorsque j’ai entendu appeler le directeur de l’asile. On lui a demandé si maman se plaignait de moi et il a dit que oui mais que c’était un peu la manie de ses pensionnaires de se plaindre de leurs proches. Le président lui a fait préciser si elle me reprochait de l’avoir mise à l’asile et le directeur a dit encore oui. Mais cette fois, il n’a rien ajouté. À une autre question, il a répondu qu’il avait été surpris de mon calme le jour de l’enterrement. On lui a demandé ce qu’il entendait par calme. Le directeur a regardé alors le bout de ses souliers et il a dit que je n’avais pas voulu voir maman, je n’avais pas pleuré une seule fois et j’étais parti aussitôt après l’enterrement sans me recueillir sur sa tombe. Une chose encore l’avait surpris : un employé des pompes funèbres lui avait dit que je ne savais pas l’âge de maman. Il y a eu un moment de silence et le président lui a demandé si c’était bien de moi qu’il avait parlé. Comme le directeur ne comprenait pas la question, il lui a dit : « C’est la loi. » Puis le président a demandé à l’avocat général s’il n’avait pas de question à poser au témoin et le procureur s’est écrié : « Oh ! non, cela suffit », avec un tel éclat et un tel regard triomphant dans ma direction que, pour la première fois depuis bien des années, j’ai eu une envie stupide de pleurer parce que j’ai senti combien j’étais détesté par tous ces gens-là.

Après avoir demandé au jury et à mon avocat s’ils avaient des questions à poser, le président a entendu le concierge. Pour lui comme pour tous les autres, le même cérémonial s’est répété. En arrivant, le concierge m’a regardé et il a détourné les yeux. Il a répondu aux questions qu’on lui posait. Il a dit que je n’avais pas voulu voir maman, que j’avais fumé, que j’avais dormi et que j’avais pris du café au lait. J’ai senti alors quelque chose qui soulevait toute la salle et, pour la première fois, j’ai compris que j’étais coupable. On a fait répéter au concierge l’histoire du café au lait et celle de la cigarette. L’avocat général m’a regardé avec une lueur ironique dans les yeux. À ce moment, mon avocat a demandé au concierge s’il n’avait pas fumé avec moi. Mais le procureur s’est élevé avec violence contre cette question : « Quel est le criminel ici et quelles sont ces méthodes qui consistent à salir les témoins de l’accusation pour minimiser des témoignages qui n’en demeurent pas moins écrasants ! » Malgré tout, le président a demandé au concierge de répondre à la question. Le vieux a dit d’un air embarrassé : « Je sais bien que j’ai eu tort. Mais je n’ai pas osé refuser la cigarette que Monsieur m’a offerte. » En dernier lieu, on m’a demandé si je n’avais rien à ajouter. « Rien, ai-je répondu, seulement que le témoin a raison. Il est vrai que je lui ai offert une cigarette. » Le concierge m’a regardé alors avec un peu d’étonnement et une sorte de gratitude. Il a hésité, puis il a dit que c’était lui qui m’avait offert le café au lait. Mon avocat a triomphé bruyamment et a déclaré que les jurés apprécieraient. Mais le procureur a tonné au-dessus de nos têtes et il a dit : « Oui, MM. les Jurés apprécieront. Et ils concluront qu’un étranger pouvait proposer du café, mais qu’un fils devait le refuser devant le corps de celle qui lui avait donné le jour. » Le concierge a regagné son banc.





考える暇(いとま)もなかった。連行されて護送車に乗せられ、監獄に送られて食事をした。ほんのわずかな時間、自分が疲れていることが何とか自覚できるわずかな時間を過ごした後、また迎えが来た。再び全てが始まる。僕は同じ法廷に入り、同じ顔ぶれを前にする。暑さだけがはるかに強烈になっていた。そしてまるで奇跡のように、全ての陪審員、検事、僕の弁護人、それに新聞記者の何人かは藁の団扇を手に入れていた。例の若い新聞記者と小柄な女も相変わらずいる。でも、ふたりは扇ぎもせず相変わらず無言のまま僕を眺めていた。

僕は顔一面の汗を拭った。再び自分がいる場所と自分の立場を多少とも意識したのは老人ホームの所長が証人に呼ばれるのを聞いたときだ。所長は、母さんが僕について愚痴を言っていたかと訊かれると、「はい。」と答えたが、近親者のことで愚痴を言うのは多少とも入居者の癖だと付け加えた。裁判長は所長に、僕が母さんを施設にいれたことで母さんが僕を責めていたか明確に答えてほしいと言った。所長は再び「はい。」と言った。しかし、今度は何も付言しない。別の質問に所長は、埋葬の日に僕が見せた冷淡さに驚いたと答えた。冷淡さとはどういう意味かと訊かれると、所長は靴の先を眺め、それから、僕は母さんの遺体を見ようともしなかった、一度も涙を流すこともなく、母さんの墓の前で黙想することもない、埋葬が済むとそそくさと帰って行ったと答えた。他にも驚いたことがある。葬儀社のある職員の話だと、僕は母さんの歳を知らなかった。一瞬、廷内は静まり返った。すると裁判長は、それは本当に僕のことかと所長に訊く。所長は質問の意味が分からず、「無論です。」と答えた。それから裁判長は次席検事に向かって、証人に尋ねることは無いかと訊く。検事は「いえ、ありません!それで十分です。」と叫んだ。その声がひどく晴れやかで、また勝ち誇ったように僕の方を見るので、何年かぶりに僕は愚かにも泣きそうになった。この人たちの僕に対する憎しみを嫌というほど感じたからだ。

陪審団と僕の弁護人に質問は無いかと尋ねた後、裁判長は管理人の証言を聞いた。管理人の場合も他の証人同様、同じ儀式が繰り返される。入廷すると彼は僕を眺め、それから目を背けた。管理人は尋ねられた質問に答え、僕が母さんの遺体を見ようとしなかったこと、タバコを喫ったこと、通夜の間眠ったこと、カフェ・オ・レを飲んだことを話した。僕はそのとき法廷全体を突き動かす敵意のようなものを感じた。そして初めて、自分が有罪であることを理解した。検察側は管理人にカフェ・オ・レとタバコの話を繰り返させた。次席検事は目に皮肉の色を浮かべて僕を眺める。そのとき弁護人が管理人に、彼も僕と一緒にタバコを喫ったのではないかと尋ねた。しかし検事の方はその質問に激しく異議申し立てをする。「この裁判で、犯罪者は誰でしょうか?しかるに検察側証人を貶(おとし)め、決定的証言を過小評価しようとするやり口はいかがなものか!」それでも裁判長は管理人に、弁護人の質問に答えるよう要求した。老管理人は戸惑った様子で、「自分が間違っていたのはよく分かっています。しかし、ムルソー氏の勧めたタバコを敢えて断る勇気がなかったのです。」と答えた。最後に、何か付け加えることはないかと僕が尋ねられた。「何もありません」と僕は答え、「ただし、証人の言う通りです。確かに僕が証人にタバコを勧めました。」すると管理人は、少し驚いたように、感謝にも似た眼差しで僕を眺めた。管理人はためらった後、僕にカフェ・オ・レを勧めたのは自分だと言った。弁護人は騒々しく勝ち誇ったように、この発言は陪審員の方々に評価して頂けるだろうと宣言した。しかし検事は、我々の頭越しに割れ鐘のような大声で、「その通り、評価して頂けるでしょう。そして他人がコーヒーを勧めたところで、息子たる者、自分を生んだ母親の遺体を前にすれば当然断るべきであるという結論を下されるでしょう。」管理人は席に戻った。



第二部 第3章⑤


(ミスター・ビーン訳)

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