We Shall Overcome : The Seeger Sessions
We Shall Overcome : The Seeger Sessions
Date de parution : 25 avril 2006
1. Old Dan Tucker
2. Jessie James 3. Mrs. McGrath
4. Oh, Mary, Don't You Weep
5. John Henry
6. Erie Canal
7. Jacob's Ladder
8. My Oklahoma Home
9. Eyes On The Prize
10. Shenandoah
11. Pay Me My Money Down
12. We Shall Overcome
13. Froggie Went A-Courtin'
Bonus Tracks : Buffalo Gals How Can I Keep From Singing
Critique du 24 heures, un journal suisse
Vingt-neuvième bras d’honneur à ceux qui persistent à le voir en Rambo "né aux USA", Bruce Springsteen honore Pete Seeger, chantre folk, pacifique et socialiste. Grand cru.
FRANÇOIS BARRAS
Publié le 20 avril 2006
Folk music, musique du peuple. Pas encore trop dénaturé parce que peu rentable commercialement auprès des masses consuméristes, on dirait que le genre ne peut pas se départir de ses authentiques atours: se frotter au folk américain, c'est adopter un style, un son, une scansion. Et un poing levé, pour peu que la partition rejoue celle des chantres de la contestation de gauche. Elle a existé aux USA ! Elle respire toujours. Avec un disque hommage à Pete Seeger, Bruce Springsteen, héros populaire, va au bout de sa logique.
Depuis Born To Run, The River et The Ghost of Tom Joad, on savait le Boss versé dans la défense des petites gens en quête d'un rêve américain. Fan de Steinbeck et de Twain pour l'art écrit, on connaissait aussi les références musicales du Bruce : le son de Phil Spector, l'esprit du Band, de Chuck Berry et de Woodie Guthrie. On ignorait, du moins sous nos contrées, son amour pour Pete Seeger.
L'homme est moins connu. Né en 1919, Seeger a visité l'art de la ballade country sous son angle engagé. Pacifique, il est "blacklisté" en 1955. Pendant la guerre du Vietnam, le jeune Dylan s'inspirera de sa folk et de son attitude. Simplement humaniste, sa musique reflétait une certaine pureté. Celle des jams sur le préau, des virées à la campagne, banjos et guitares à l'épaule. Celle du Peuple, responsable et critique.
Soudard illuminé
We Shall Overcome, disque au slogan définitif, s'inspire plus de cet idéal que du son de Seeger. On ne se refait pas : Bruce hisse la grand-voile et entraîne ces chansons traditionnelles qu'interpréta Seeger dans une emphase de soudard illuminé. Avec un backing band inspiré par le jazz New Orleans, l'âme manouche et le bastringue country, il s'amuse comme un gosse et déterre ses racines à pleines dents. Paradoxe : on ne l'avait plus entendu envoyer ainsi de la voix sur ses derniers et inégaux albums personnels. Débarrassé du poids de devoir renouveler son propre style, il exulte et excelle dans celui de Seeger et, magie folk, se renouvelle pourtant.
Bruce Springsteen - We Shall Overcome : The Seeger Sessions - Sony-BMG
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Springsteen, entre folk et politique
L'Hebdo - 20 avril 2006
Le Boss : Il se plonge dans le folklore américain en revisitant les compositions du chanteur engagé Pete Seeger, Trip in the USA. Par Christophe Schenk.
Depuis le poignant Nebraska en 1982, on connaît le goût de Bruce Springsteen pour les territoires folk. Laissant de côté son blouson en jean et son bandana, le rocker américain se plaît parfois à débrancher les amplis pour empoigner sa guitare acoustique. Une démarche qu’il a pris l’habitude de répéter ces dernières années, avec The Ghost of Tom Joad ou le récent Devils & Dust.
Pourtant, rien ne laissait présager le virage radical qu’il prend aujourd’hui sur We Shall Overcome. En reprenant les chansons de Pete Seeger, le Boss plonge à nouveau dans l’univers folk mais, plutôt que d’y aller en solitaire, il choisit de s’entourer d’un orchestre composé de plus d’une dizaine de musiciens. Un voyage dans le folklore américain qui tient autant de l’hommage aux racines que de l’acte politique.
En effet, si Pete Seeger reste surtout connu en Europe pour des chansons comme Turn! Turn! Turn (popularisée par The Byrds) et If I Had a Hammer (reprise sous le titre Si j’avais un marteau par Claude François), il incarne une figure contestataire du folk aux Etats-Unis. Ainsi, il n’a jamais hésité à s’engager contre la guerre dans ses textes. Surtout, il s’est imposé comme l’un des principaux dénonciateurs du maccarthysme. Son engagement véhément lui a d’ailleurs valu d’être interdit de télévision et "blacklisté", et l’a conduit jusqu’en prison. Avec le climat politique qui règne là-bas, on comprend que Springsteen ait choisi de revenir vers Seeger.
Un choix qui étonne d’autant moins si l’on se rappelle les récentes prises de position du Boss. En 2001, il entonne son nouveau titre 41 Shots sur scène, malgré les menaces qu’il a reçues de la part de certains extrémistes. Dans cette chanson, il dénonce le meurtre d’un jeune Noir par des policiers new-yorkais. Mieux encore, en 2004 il s’embarque dans la tournée "Vote for Change" et devient l’un des principaux meneurs d’une campagne anti-Bush. Son titre No Surrender s’impose même comme l’hymne électoral de John Kerry.
Puissance nouvelle Pourtant, les textes de We Shall Overcome ne font pas dans le militantisme et s’apparentent plus à des histoires racontées, d’amour ou de grandes figures d’un Ouest mythique. Mais si les paroles ne résonnent pas comme un engagement politique, c’est musicalement que Springsteen et son orchestre folk se positionnent. Plutôt que de sombrer dans une country sudiste de pacotille, ils choisissent en effet de renouer avec les racines multiples de la musique populaire américaine. Pas de Nashville de carte postale donc, mais des sonorités irlandaises, klezmer ou gospel, qui donnent aux compositions de Seeger une puissance nouvelle. Ce dernier, historien de la musique folk américaine à ses heures, n’aurait sans doute pas renié ce parti pris.
Entre ballades et ritournelles plus festives, Bruce Springsteen s’aventure dans un registre nouveau, où il se transforme en storyteller. Et même si elle n’atteint pas la profondeur d’un Nick Cave ou les déraillements d’un Tom Waits, sa voix de conteur fait merveille sur des ballades comme Erie Canal ou Eyes on the Prize, gagnant en expressivité, sans perdre l’intonation rauque qui a fait son succès.
L’émotion fonctionne à merveille sur ces titres au tempo ralenti, grâce encore au violon ou à l’accordéon. Et quand le rythme s’accélère, comme sur Old Dan Tucker ou Jesse James, l’orchestre à l’unisson transforme l’ambiance en bals propices aux danses de cow-boys. Mais là encore sans jamais oublier la force pluriculturelle du folklore américain.
Avec We Shall Overcome, Bruce Springsteen fait découvrir une nouvelle facette de son univers, quittant les rivages rock pour un retour aux sources inspiré. Une tendance qui semble particulièrement à la mode cette année. De Norah Jones – au sein de The Little Willies – à Mark Knopfler et Emmylou Harris – pour un duo original et inspiré, entre blues, rock et country – de nombreux musiciens américains s’offrent une virée folk. Et ce besoin de revenir aux racines tient sans doute moins d’un passéiste sentiment de nostalgie que d’une quête d’une identité américaine, en ces temps de repliement nationaliste.
L'Hebdo - 20 avril 2006
Par Christophe Schenk
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Bruce Springsteen
The Seeger Sessions (Sony)
Le dernier album de Bruce Springsteen est une collection de vieux morceaux traditionnels américains qu'il a découverts en écoutant une compilation des oeuvres du légendaire chanteur folk et militant politique Pete Seeger. Springsteen a récemment convoqué une palanquée de musiciens new-yorkais (avec lesquels il n'avait jamais encore collaboré, pour la plupart d'entre eux) et, en trois sessions intenses d'une journée, a enregistré le contenu de ces Seeger Sessions, live dans son studio maison. Le résultat s'avère plus qu'enjoué l'on dirait même que, sur plusieurs titres, Springsteen et ses collaborateurs ont consommé pas mal d'alcool et prouvera à ses fans de la période "anti-Bush" que les mots et les sentiments propres aux débuts du mouvement folk protestataire américain sont peut-être encore plus pertinents et d'actualité que jamais. Springsteen n'a sans doute jamais oeuvré avec un florilège aussi vaste et éclectique de musiciens (joueurs de banjo et de violon, choeur gospel, section de cuivres New Orleans, tous ayant contribué aux arrangements), mais il réussit le tour de force de les unir sur des performances spontanées et vivantes qui ne sonnent ni grandiloquentes ni désordonnées. De plus, sa voix stoïque de vieux conteur convient parfaitement à ces chansons, en particulier sa version poignante de l'antique hymne aux droits civiques We Shall Overcome.
Libération - 21 avril 2006
Bruce Springsteen a Bercy !!!
Bruce Springsteen à BERCY
Bruce Springsteen sera à Bercy le 10 mai 2006 au soir.
Nicolas et Yoichi seront présents.







