*ペスト 全訳*(II ㉘ ) | ミスター・ビーンのお気楽ブログ

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Albert Camus

La Peste(1947)


ペスト



II ㉘

« À midi, les restaurants se remplissent en un clin d’oeil. Très vite, de petits groupes qui n’ont pu trouver de place se forment à leur porte. Le ciel commence à perdre sa lumière par excès de chaleur. À l’ombre des grands stores, les candidats à la nourriture attendent leur tour, au bord de la rue craquante de soleil. Si les restaurants sont envahis, c’est qu’ils simplifient pour beaucoup le problème du ravitaillement. Mais ils laissent intacte l’angoisse de la contagion. Les convives perdent de longues minutes à essuyer patiemment leurs couverts. Il n’y a pas longtemps, certains restaurants affichaient : “Ici, le couvert est ébouillanté.” Mais peu à peu, ils ont renoncé à toute publicité puisque les clients étaient forcés de venir. Le client, d’ailleurs, dépense volontiers. Les vins fins ou supposés tels, les suppléments les plus chers, c’est le commencement d’une course effrénée. Il paraît aussi que des scènes de panique ont éclaté dans un restaurant parce qu’un client pris de malaise avait pâli, s’était levé, avait chancelé et gagné très vite la sortie.

« Vers deux heures, la ville se vide peu à peu et c’est le moment où le silence, la poussière, le soleil et la peste se rencontrent dans la rue. Tout le long des grandes maisons grises la chaleur coule sans arrêt. Ce sont de longues heures prisonnières qui finissent dans des soirs enflammés croulant sur la ville populeuse et jacassante. Pendant les premiers jours de la chaleur, de loin en loin, et sans qu’on sache pourquoi, les soirs étaient désertés. Mais à présent, la première fraîcheur amène une détente, sinon un espoir. Tous descendent alors dans les rues, s’étourdissent à parler, se querellent ou se convoitent et sous le ciel rouge de juillet la ville, chargée de couples et de clameurs, dérive vers la nuit haletante. En vain, tous les soirs sur les boulevards, un vieillard inspiré, portant feutre et lavallière, traverse la foule en répétant sans arrêt : “Dieu est grand, venez à lui”, tous se précipitent au contraire vers quelque chose qu’ils connaissent mal ou qui leur paraît plus urgent que Dieu. Au début, quand ils croyaient que c’était une maladie comme les autres, la religion était à sa place. Mais quand ils ont vu que c’était sérieux, ils se sont souvenus de la jouissance. Toute l’angoisse qui se peint dans la journée sur les visages se résout alors, dans le crépuscule ardent et poussiéreux, en une sorte d’excitation hagarde, une liberté maladroite qui enfièvre tout un peuple.

« Et moi aussi, je suis comme eux. Mais quoi ! la mort n’est rien pour les hommes comme moi. C’est un événement qui leur donne raison. »




≪正午になると、瞬く間にレストランは満杯になる。戸口にはたちまち、席待ちの小グループが幾つかできあがる。酷暑のせいで空は光を失い始めている。日差しのせいで乾いた音を立てる道端で、店先の大きな日よけの陰に入り、食事待ちの連中が順番を待っている。レストランに客が押し寄せるのは、多くの市民にとって食料調達の手間が省けるからだ。しかしレストランでは、感染の不安は手付かずだ。そこで、客たちは長い時間をかけ、辛抱強くスプーン、ナイフ、フォーク等の食器類を拭っている。つい最近まで、「この店では、食器類は熱湯消毒してあります」という張り紙をしている店もあった。しかし徐々に、店側はあらゆる宣伝を止めてしまった。客が嫌でも店に来るようになったからだ。それに、客は喜んで金を使う。上等な、あるいは上等と思われているワイン、極めて高額な追加料金、それが飽くなき競争の手始めとなる。また、あるレストランではパニックが起きたようだ。一人の客が、気分が悪くなり、青ざめた顔で立ち上がり、よろめきながら大慌てで出口に向かったのだった。≫

≪2時ごろ、市内は徐々に人通りが無くなる。沈黙、埃(ほこり)、太陽、それにペストが通りで鉢合わせする時間帯だ。灰色の大きな家並に沿って、熱気が絶えず流れて行く。この長い囚われの時間は、燃えるような夕暮れがこの人口過密でざわついた都市に落ちかかる頃終わりを告げる。暑さが訪れた最初の日々、飛び飛びではあるが、夕暮れ時にはどういうわけか人影が無かった。しかし今は、最初の涼しさが訪れると、希望ではないにしても街に寛(くつろ)ぎが生まれる。市民は皆、通りに繰り出し、喧(やかま)しくしゃべり、口喧嘩をし、あるいは互いを求め合う。そして、7月の赤い空の下、カップルに溢れ、群衆の叫び声に溢れた都市は、息苦しい夜に向かって流されていくのだ。毎晩大通りでは、霊感を授かった一人の老人が、フェルト帽を被り大型の蝶結びのネクタイ(ラヴァリエール)を締めて、絶えず「神は偉大なり、神のもとに来たれ」と繰り返しながら、虚しく人混みをかき分けて行く。ところが群衆は皆、自分でもよく分からぬもの、神様よりは緊急だと思えるものに向かって急いでいる。最初、それが並の病気だと思われていた頃は、宗教にもふさわしい位置があった。しかし、病気が深刻だと分かると、市民たちは快楽を思い出した。昼間顔に刻まれていた苦悩は全て、埃まみれの、暑さで燃えるような黄昏(たそがれ)時には、全ての住民の心を熱くする凶暴な興奮、剥き出しの放埓さに変わるのだ。≫

≪そしてこの僕も、彼らと同じだ。しかし何ということ!死は僕らのような人間には取るに足らぬことだ。それは僕らの行動が正しいことを示してくれる出来事なのだ。≫


la peste II ㉘

(ミスター・ビーン訳)

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